Extrait du journal
Contrairement à tant de manifesta tions, la quinzaine de Paris a commencé hier par où les autres finissent, par un déjeuner que présidait le baron de Lagatinerie qui, au Champagne, sut dire les meilleures choses sur l'aviation. Il les a dites dans le cadre exquis de l'aérodrome de Savignv-sur-Orge, transformé d'une saison à l'autre en un parc tout à fait délicieux. On en a goûté toute l'élégance, en dépit des installations inachevées ici et là par la faute des pluies hostiles qui avaient, ces jours derniers, changé les prairies en d'abominables marécages. Les tribunes sont charmantes; elles s'en vont, les une» à côté des autres, en pavillons gracieux, légers, confortables et de styles différents, tous dominés par la tour de la presse qui a, comme à Bétheny, son pigeonnier. Disséminés et dressés tantôt dans le prolongement des tribunes, tantôt en arrière, parmi les bouquets d'arbres que cuivrent déjà les atteintes de l'au tomne, des restaurants, des bars aux terrasses avenantes sollicitent l'affamé et l'assoiffé. On a, devant les tribunes, renoncé à la banale barrière qui clôt la piste, pour une barrière à pylônes treillagés d'une élégante intention ; ils gênent un peu la vue, mais font si joli avec leurs corbeilles supérieures, d'où cascadent des plantes échevelées et fleuries, qu'on leur pardonne leur défaut pour lpur beauté. Au delà, la piste se déploie en un vaste ovale qu'accompagnent, dans son contour, la ligne des hangars béants; le rideau des grands peupliers qui jadis se miraient solitaires dans l'eau paisible de l'Orge, et les hauts taillis qui mettent au pied des collinettes un galon de ver dure. Un mât de signaux, la cabine des chro nométreurs, le pylône des « Wright », les bouées des virages meublent som mairement l'intérieur de l'arène autour de laquelle sont massés en dedans d'in nombrables curieux. Il y en avait autant dehors que dedans; ce qui est à prévoir pour des réunions dont le spectacle se passe en l'air, . La foule était accourue de bon ne heure : par les trains en masse, à bicyclette aussi, eh voiture et en auto. Il y avait un •monde fou sur les pentes des collines qui enveloppent l'aérodrome, gradins naturels, admirables et peu coûteux. Le pesage était bondé d'une assistance des ,plus distinguées, qui parut fort entraînée aux meetings d'aviation, tout comme celle des autres enceintes, dù reste. Le public fut, en effet, d'une sagesse remar-' .guable ; son éducation est faite ; il sait1...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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