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Le Figaro, 8 octobre 1934

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Le Figaro
8 octobre 1934


Extrait du journal

Le temps seul nous inquiétait. Nous étions tranquille pour Brantôme. Mais avouez qu'il eût été déplorable que même quelques gouttes de pluie vinssent compromettre le succès d'une pareille journée. Par bonheur, nous avons été quitte avec l'inquiétude, et .tout s'est merveil leusement passé. . Quand fut donné le départ, un silence quasi religieux s'établit sur le champ de courses. Le public entier avait l'impression qu'il allait vivre un peu plus de deux minutes du plus beau spectacle sportif auquel il soit possible d'assister. Et déjà le lion britannique avait pris la tête, ainsi qu'il sied au roi des animaux. Brantôme, toujours modeste, était d'abord dans le rang. De la suite immédiate du roi Félici tation furent successivement Negundo et Astrophel, cependant qu'Assuéfus, en queue, gar dait au fourreau sa pointe fulgurante.. A. miparcours, histoire de voir ce qui se passait à l'avant-scène, Brantôme vint en quatrième position, puis, la descente atteinte, et Félicitation accentuant l'allure, Bouillon appuya insensiblement sur l'accélérateur et, en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, le favori national était à la croupe de l'adversaire. Dès lors — qu'on nous permette de le dire — tout était fini. La perte de Félicitation était con sommée. Le jockey de Brantôme avait vu ce qu'il voulait voir. Il n'avait plus qu'à attendre l'instant du dénouement. Il se remit donc en troisième position, laissant Astrophel s'épuiser, non sans héroïsme, à harceler le visiteur. A l'entrée de la ligne droite, Brantôme, dou blant Astrophel, prenait place en dedans de son action (vous entendez bien : en dedans de son action) aux côtés de Félicitation, et, comme il est de taille plus réduite quelle cheval anglais, on crut voir David qui bravait Goliath. Goliath essaya bien de résister et tendit sa masse en un effort violent. Mais ce fut peine perdue. Désinvolte, sûr de lui, suprêmement souple et rapide, Brantôme décocha quelques foulées magistrales, qui 'lui firent immédiate ment prendre du champ. La question de politique extérieure étant réglée de la sorte, il res tait à savoir si un débat de politique intérieure demeurait possible. Ce fut le moment brillant,...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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