Extrait du journal

LA POLITIQUE « Pourquoi — nous écrit un anonyme bienveillant — vos articles portent-ils la marque d'un découragement évident et comment ne vous associez-vous pas aux espérances qui, au dice d'autres jour naux royalistes, sont tout près d'abou tir? Vous contristez ainsi bien des gens qui ne demandent qu'à avoir confiance. » Ce n'est pas la première fois qu'on m'adresse des lettres dans ce sens, et je demande la permission d'y répondre -une fois pour toutes. Je crois qu'en politique comme dans la vie privée, c'est un mauvais système que de s'enfermer entre gens du même avis, de s'illusionner en commun, de prendre ses illusions pour des réalités, et d^se fâcher contre tout avertissement, contre toute réflexion gui vient com battre ces illusions., Tel est le cas du parti royaliste, qui mal gré toutes les sottises, toutes les basses tyrannies de la République, ne recrute pas de nouveaux adhérents en. dehors du noyau très ancien, très respectable, mais trop peu nombreux malheureuse ment qui reste attaché au principe ré dempteur de la monarchie héréditaire. Dire : « le Roi va venir, » « il est là, ». «il n'attend que le moment décisif,"» c'est ne rien dire du tout. Et nous sou tenons même que le répéter, sans ap porter le moindre moyen pratique de ramener la monarchie désirée, est une naïveté qui ne trompe personne. C'est dans cet ordre d'idées que tout en affirmant notre inébranlable préférencepôur laforme de gouvernement qui I>eut rendre à la France son rang et ses al liances naturelles dans la famille euro péenne, nous nous sommes toujours d'ér fendus d'une confiance intempestive. Puisque notre réserve attriste ou mé contente quelques-uns de nos amis, nous les supplions dé nous soumettre leurs plans pour l'ordre et la marche d'une restauration monarchique : sera-t-elle l'œuvre d'un Parlement, ou le produit d'une révolution, ou la surprise d'un coup d'Etat? Il serait audacieux d'ouvrir un con cours à propos ^l'uîi sujet si sérieux, mais vraiment nous aimerions bien que nos correspondants nous indiquassent leurs procédés de restauration. Ce ne serait pas trop de toutes les bonnes volontés pour éclairer la situa tion et pour indiquer des voies et moyens qu'ignorent absolument ceux-là même qui répètent chaque matin que « l'Jieure est venue. » — F. M....