Extrait du journal

Le parti radical se donne beaucoup de mal pour concilier la politique de faiblesse qu'il a suivie avec les exigen ces évidentes de la sécurité nationale. Ce n'est pas chose aisée. Le radicalisme a pris, au temps du Cartel, la lourde responsabilité d'une mé thode dont il a fallu subir les effets. Aujourd'hui, les événements en laissent apparaître toutes les erreurs. Il est toujours facile de rédiger des manifestes électoraux pour affirmer que le parti radical a tout su, tout compris, tout prévu et que s'il était au pou voir il accomplirait des merveilles. Mais ces procla mations à l'usage des foules, qu'il s'agit de rassu rer plus que d'éclairer, ne règlent rien. Il y a les faits qui sont préoccupants. On peut commenter tant qu'on voudra les nouvelles d'Allemagne. On n'en fera pas sortir ce qui n'y est pas. Il est devenu clair pour tout observateur non prévenu que la politique de liquidation n'a nullement facilité 1 apai sement européen. L'évacuation de la Rhénanie a même ouvert une ère de réclamations audacieuses et véhémentes. C'est sur ce sujet que méditent les chefs d'un radicalisme sénatorial qui a le souci des affaires ex térieures. M. René Besnard a pris date un des pre miers, lorsqu'il a avoué que dans une large mesure '/< nous avions été trompés ». Le sénateur radical négligeait de dire par qui. Mais il sera amené peu à peu à combler cette lacune. C'est vers 1 Allemagne'qu'il se tourne désormais, et il l'adjure de dire ce qu'elle veut. .« L'Allemagne, écrit-il, ne peut pas jouer indéfiniment avec deux équipes sur le tableau paix et sur le tableau revanche ». Il la prie donc de s'expliquer : « Nous voulons savoir, déclare-t-il, ce que le peuple allemand pense : ce n'est pas un désir superflu. » Par là il faut entendre que les radicaux français se donnent un peu de répit et attendent le résultat des élections allemandes. Est-ce de leur part une dernière illusion ? Est-ce un doute méthodique et une manière de gagner du temps ? Evidemment, un mouvement pacifiste manifesté par le scrutin alle mand de septembre leur serait très agréable. Us y trouveraient une justification inattendue, même si elle était provisoire, de leurs imprudences. Ce se rait un instant de réconfort sur le chemin pénible des déceptions qui se succèdent. Mais rien n'an nonce la prochaine arrivée de cette colombe germa nique à l'arche des pacifistes. On ne voit pas que Jes partis démocratiques et socialistes d'Allemagne aient une politique extérieure différant essentielle ment de celle de leurs adversaires. De la gauche à la droite, il n'y a que des nuances en Allemagne, quand il s'agit du traité de Versailles et de la re vision des frontières. En quoi réside l'espérance de M. Besnard ? La réalité brutale, c'est que l'Allemagne s'est servie des démocrates et des socialistes tant qu'elle a eu besoin d'une façade rassurante pour faciliter nos concessions. Dès que l'évacuation de la Rhé nanie a été accomplie, elle a rejeté toutes ces com binaisons parlementaires et opportunistes. Elle a dis sous le Reichstag. Elle a fait appel au peuple. Et qu'attend-elle de lui ? Les dirigeants du Reich ne négligent aucun argument. Pour eux, l'objet des élections est d'obtenir l'approbation de leur pro gramme de revendications. II s'agit en somme de faire sanctionner par le peuple la campagne pour la revision des traités. A ce moment-là, que répon dra chez nous la diplomatie radicaje ? .— INTÉRIM....