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Le Figaro, 10 août 1874

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Le Figaro
10 août 1874


Extrait du journal

vous ai aimé, monsieur, c'est que vous l'avez voulu ; vous m'avez fait sans cesse aller chez vous, trouvant au début mille prétextes pour me faire revenir, et de puis longtemps n'en cherchant même plus, me disant simplement: « Venez me voir tel jour », ou « Quand pourrez-vous venir, que nous puissions causer libre ment? Le soir n'est pas commode pour vous, je rentre tard et vous ne pouvez pas sortir seule à cette heure, ' eh bien, venez le dimanche, je ne re çois pas ce jour-là. » Et j'allais passer chez vous, tous les dimanches, des après-midi entiers, deux et trois heures, et encore dimanche dernier, prétextant d'aller à l'église, vous me faisiez offenser Dieu et tromper ma mère; je me com promettais pour vous; vos domestiques se disaient : « C'est sa maîtresse. » Je le voyais bien à leur air et vous me disiez, quand je devais venir dans la semaine, de faire passer ma carte, afin de ne pas attendre et lorsqu'un jour je reprochais au domestique de ne l'avoir pas fait, ajoutant que vous m'aviez autorisée à le lui demander, il me répondit : Oh! M. X..., M. X..., il y a au salon des per sonnes qui attendent depuis 8 h. 1/2, et comme j'ajoutais que je n'en avais pas pour longtemps, il me répondit : « oh 1 je sais bien le temps que vous y restez, en- " fin ce sont les affaires de Monsieur, cela ne me regarde pas. » Je vous répétai les paroles qui m'avaient blessée, vous en fûtes irrité, tout en m'engageant à n'en Sas tenir compte, me promettant de l'en lâmer et de lui* dire une fois pour toutes de me faire entrer au petit salon, ce que vous fîtes. Et maintenant que direz-vous pour vous excuser? vous direz que je vous ai mais, que j'étais heureuse près de vous, c'est vrai que j'aurais préféré une posi tion franche, honorable, avouée à la po sition fausse et honteuse que vous m'a viez faite, c'est encore vrai que, n'afant pas de fortune, qu'étant fort ordinaire comme beauté, je ne devais avoir une prétention semblable; qui m'en avait donné le droit? N'étais-je pas d'ailleurs d'une bonne famille et ne me disiez-vous pas sans cesse que j'étais charmante, d'une intelligence supérieure et que la fortune n'était rien pour vous, du reste je n'étais pas tout-à-fait sans rien, et mercredi matin encore, à la veille de vous marier, vous avez osé me serrer sur votre cœur, lorsqu'étant près de vous je vous disais que si je n'avais l'espoir de vivre un jour entièrement près de vous je préférerais mourir, vous m'avez pressée de nouveau en m'embrassant et en me disant: « 0 pauvre chérie ! » et vous m'avez engagée à venir lundi, aussitôt avez-vous dit, votre retour de ... ajoutant que nous en causerions. Ah! je vous le disais un jour... Si vous vous jouiez de moi, ce serait bien màl, et vous m'avez répondu : « Me jouer de vous, oh ! ce serait in» digne, me jouer de l'honneur, de la » réputation d'une femme comme vous, » honnête, d'une famille honorable, ce » serait inexcusable de la part d'un » homme de mon âge. » Et cependant, qu'avez-vous fait ? Allezvous maintenant, pour courpnner votre œuvre, m'accuser de diffamation et me faire condamner à la prison, espérant que le chagrin y terminera mes jours!...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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