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Le Figaro, 10 janvier 1933

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Le Figaro
10 janvier 1933


Extrait du journal

C'est avec émotion, avec stupeur, que nous venons d'apprendre cette invraisemblable nou velle : dans quelques jours, quatre ou cinq au plus, les livres de l'Empereur, que depuis trois mois M. Jean Bourguignon, l'émine-nt et érudit conservateur, abritait à Malmaison, doi vent quitter, à jamais cette fois, les rayons de ce cabinet historique où Napoléon vécut ses derniers instants au milieu de son peuple, avant de gagner la gra'nd'route de Rochefort, Ces reliques appartenaient, par suite d'une singulière destinée, à l'archiduc Franz Sal; vator, qui en hérita de l'empereur François? Joseph. Désireux de s'en défaire, il en confia la dispersion à un grand éditeur allemand. Cette nouvelle émut notre ambassadeur .à Berlin, qui, aussitôt, en avisa le conservateur de Malmaison et obtint la remise de la vent? dans l'espoir que la France aurait à cœur de ne point laisser un pareil trésor échapper à son patrimoine national. L'archiduc consentit à laisser provisoire ment ces précieux livres sous la garde de M. Jean Bourguignon, afin que les collection neurs puissent les voir là où ils se trouvaient autrefois : dans le cabinet même de Napoléon. Depuis bientôt quatre mois, tous ceux qui conservent le culte de l'époque impériale ont défilé devant cet inestimable ensemble. Per sonne, toutefois, n'a fait le geste qui eût assuré à notre pays la possession définitive sinon de la bibliothèque complète, du moins de certaines reliques qui appartiennent à notre histoire. Aujourd'hui, l'échéance approche : l'éditeur allemand réclame le renvoi de cette collection, puisqu'elle n'a pas trouvé acquéreur soit auprès des pouvoirs publics, soit parmi des particu liers susceptibles d'offrir ce magnifique pré sent au musée napoléonien. Il nous faut donc renvoyer ces glorieux sou venirs. Quelle humiliation ! La somme, pour tant, n'est p?s importante. Abandonnerons-nous aux regards ' étrangers ce rapport sur la bataille de Marengo oftert par le maréchal Berthier à Napoléon, sur lé terrain même du combat' ? Ces cartes-de guerre que déploya le premier soldat du monde ? Ce coffret-bibliothèque de voyage et cette Galerie des Enfants de Mars offerte à Sa Majesté l'Impératrice et Reine, dans laquelle on lit : Quand votre auguste époux, dans les champs [de Bellone, Enseigne l'art de vaincre à ses braves guerriers, Quand pour nous dérober l'éclat de sa couronne Il le cache à nos yeux sous ses nombreux lau riers, Peut-être tremblez-vous qu'une main ennemie Ne suspende le cours d'une si belle vie ? Rassurez-vous, Madame... Non ! Il ne faut pas que Berlin revoie ces témoins de l'immortelle épopée. Il ne sera pas dit que la nonchalance et la mesquinerie sont des tares dont souffre notre pays quand il s'agit du respect de son passé. Maurice Monda...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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