Extrait du journal
EN MARGE Bal blanc pour grandes personnes Depuis hier on ne saurait plus reprocher aux jeunes gens de ne pas rendre leur politesse aux maîtresses de maison qui, tout l'hiver, leur donnent si gentiment à danser. Sept d'entre eux, en effet, recevaient à leur tour mercredi, et sans vouloir chagriner personne nous pou vons dire que ce fut la plus belle nuit de l'année. Mais ce fut mieux qu'une belle nuit... Emus sdns doute par la campagne persuasive et les accents sincères et déchirants de M. André'de-Fouquières contre un laisser-aller général qui menace l'élégance et l'esprit français, sept jeunes gens donc décidèrent de se joindre à la croisade de leur sympathique aîné et de prêcher d'exemple. Dans l'hôtel laissé vacant par suite, du départ du Sporting Club, sous les frais ombrages de l'avenue Gabriel, le prince Charles d'Arenberg, le vicomte de La Béraudière, le baron Roland de L'Espée, le comte Guy de Gabriac, le comte Guy de Pomereu, le comte A. de La Rochefoucauld, le comte de Saint-Genys, avaient convié leurs amis à un bal qui, dans leur esprit, devait marquer le réveil de la vie de Paris, menacée dans ce qu'elle a de plus harmonieux par l'abus du col mou, l'usage des cocktails et l'invasion de la « biguine ». Ces jeunes gens proposaient très simplement à leurs in vités de venir en habit ; aux femmes ils demandaient de se vêtir de blanc, et à tous de danser la valse et boire du Champagne, ce qui, on le voit, n'a rien que de très naturel quand on est Français et, de surcroît, Pari sien. La soirée de mercredi fut une victoire de l'optimisme. Le « snobisme de la purée », suivant la pittoresque ex pression de M. André de Fouquières, y trouva sà plus élo quente condamnation ; et il fut prouvé que la crise — ce mot dont on abuse — tout comme les inquiétudes légi times de l'heure n'avaient point entamé le moral et la bonne humeur de la jeunesse. Mais, on le pense bien, la fantaisie devait avoir sa part à cette fête. Les cheveux laqués des jeunes femmes, dernière invention d'un ingénieux coiffeur, les perruques poudrées, les mousselines de neige, les tulles et les den telles légères, les camélias et les, œillets, formaient une éblouissante symphonie blanche sous les rayons d'un invi sible soleil de minuit. Dans le cadre de verdure du jardin, sous les lambris dorés des salons, les lumières savantes jetaient leurs feux sur tant d'élégances et de luxe retrouvés. Au début de ce mois de juin qui s'annonce jalonné de galas, de fêtes et de spectacles, le bal blanc des « sept », où tout fut grâce et harmonie, a utilement rappelé les règles communes aux gens de bonne compagnie. Et nous ne croyons pas que le commerce de luxe, qui est aussi un des aspects de. notre activité nationale, ait à se plaindre de ce réveil. Félicitons sans réserve ces défenseurs de la tradition, par qui la vie fut un soir plus aimable et grâce auxquels demain, nous l'espérons, le visage de Paris retrouvera sa beauté. Simon Arbellot....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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