Extrait du journal

pas avoir jamais eu celle d'un de ces mots ou d'un de ces actes par lesquels on conduit le peuple, et les autres, au contraire, s'entendaient bien à mener le peuple, mais sans regarder même où ils le menaient, et jamais aucun d'eux, en fait de bien général, ne conçut autre chose que des insanités ou des jon gleries. Gambetta fut un sonore et puis sant agitateur, mais ne fut que cela, et tous ses mots les plus fameux; se sou mettre ou se démettre, le gouvernement des curés, le cléricalisme voilà l'ennemi, furent des mots de guerre électorale, bons pour mener aux urnes, absurdes pour mener plus loin, et qui nous ont jetés dans le coupe-gorge où nous nous assommons pendant qu'on nous y dé trousse. , L'homme de sens et de pensée, capa ble d'une autre intelligence que celle de l'aigrefin, et d'une autre conception que celle de l'argent, parle aujourd'hui une langue que personne ne comprend plus, et l'autre, très habile, sait fort bien ma nier et remanier son public, mais uni quement pour lui capter ses votes, ou pour lui retourner les poches. N'est-ce pas déjà, d'ailleurs, une effroyable étude, dans la poussée actuelle, que d'arriver ou de rester député ou ministre ? Toute l'énergie et tout l'esprit y passent, et si vous vouliez, par hasard, les dépenser pour le pays, en auriez-vous encore pour prendre ou garder la place? C'est bien toujours ici que 1'« ordre moral» nous manque ! Mais nous traversons peut-être une crise nécessaire, et nous sommes çntre deux mondes. Il y a certainement quelque chose qui n'est plus, quelque chose qui n'est pas encore, et c'est pour cela que tout va mal, que rien même ne va plus du tout, et que le pouvoir, tou jours incommode, n'est sans doute plus même possible. * Maurice Talmeyr....