Extrait du journal

.Parmi tant et tant de romans qui marchent sur lui de toutes parts, l'enseigne déployée, ce n'est pas .pour le lecteur moderne une chose facile que de se déterminer a choisir. Il est vrai que la plupart, de nos .contemporains s'en tirent aisément, en né lisant rien : devant tous ces livres, ils prennent la fuite ; mais si, au,lieu d'imiter leur conduite, nous voulons, entre ces ouvrages, choisir, comme autrefois parmi les chevaliers, celui qui mérite que. nous nous rendions à lui, notre incertitude est grande. Voici, d'une part, les derniers romans légers, mais il est à craindre que nous né nous laissions plus gagner à leurs grâces surannées : il est décidément acquis, depuis quelque temps) que la vie est une chose sérieuse ; une si grande vérité, laborieusement remise en honneur, nous interdit de prendre goût à des ouvrages futiles ; et voici justement, occupante assurée du champ de bataille et puissante au- moins par son nombre, la troupe des romans moraux. J'avoue que, pour ma part, je ne suis'point porté vers eux ; il est permis do craindre ces oeuvres où les bonnes intentions de l'auteur le dispensent trop souvent d'avoir des mérites littéraires, et si nous souhaitons tous ardemment qu'on nous rende, meilleurs, nous pouvons avouer qu'une petite fiction qui court, à sa moralité en effleurant & peine lé réel *ne remplit pas toujours cet objét. Dans notre embarras, nous' n'apercevons pas sans plâisir une"' dernière et' plus modeste troupe : c'est celle des romans qui nous parlent de la campagne, d'une terre, d'une province ; honnêtes chevaliers de la-colline ou de lâ vallée, ils-ont sur leur gonfanon l'image d'un clocher ou. celle d'Un arbre, et pour peu qu'ils tiennent leur engagement et connaissent; vraiment ce dont ils veulent nous instruire, nous sommes prêts à les écouter.....