Extrait du journal
LA PREMIERE DÉPÊCHE Ce jour-là, nous avions fait une petite partie de barres, en sortant du collège, et comme une petite partie en amène toujours une grande. il était beaucoup plus tard que je ne L'aurais^ voulu. quand je me, décidai à rentrer à la maison. De la place d'Armes à la rue des Tanneurs, où nous demeurions alors, je courus sans m'arrêter, mes livres dans ma ceinture, ma casquette entre les dents. Toutefois, arrivé dans l'escalier, je pris haleine une minute, juste le temps d'inventer un mensonge pour faciliter mon entrée sur "quoi, je sonnai bravement. • « Bonjour, Daniel, me dit mon "père en venant m'ouvrir, tu viens iien fard, mon ami. » Je commençais à débiter mon joli conte avec eftronterie, mais le cher homme ne me laissa pas achever, et m'attirant sur sa pQitrine? il m'embrassa longuement et silencieusement. Moi qui m'attendais à une forte semonce, pensez que cet accueil me surprit. Ma première idée fut que nous avions du monde à dîner. Je savais par expérience qu'on ne me grondait jamais ces Jours-là. Mais en entrant dans la salle à manger, je vis tout de suite que je m'étais trompé. Il n'y avait que trois couverts sur la table, celui de mon père, celui de la petite, et le mien. « Est-ce que ma mère ne dîne pas avec nous ? demandai-je étonné. Ta mère est partie, Daniel, me répondit mon père d'une voix douce elle est à Narbonne, ton frère l'abbé est .très malade. Puis voyant que j'étais devenu pâle, il ajouta pour me rassurer, :presque gaîment « Quand je dis très malade, c'est une façon de parler. On nous a écrit que l'abbé etait au lit. Tu connais ta mère. Elle a voulu partir. En somme, ce ne sera rien. Allons, mets-toi là et mangeons. ( Je meurs de faim. » Je m'attablai sans mot dire, mais j'avais le cœur bien gros, et toutes les peines du monde à retenir mes larmes en pensant que mon frère l'abbé était très malade....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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