Extrait du journal

UN SUCCES DE M. GOBLET >y> Les espérances que nourrissaient un certain nombre de personnes au sujet d'une modification du mode d'élection de la Chambre des députés seront déçues. Il est certain que le réta blissement du scrutin de liste ne sera pas voté, qu'il ne sera même pas dfseuté sérieusement. Certes, les arguments que les partisans de ce mode d'élection faisaient valoir pour qu'on y revînt, car c'est au scrutin de liste que les Assemblées de 1848 et de 1871 furent élues, ne manquent ni de valeur ni de force. On accuse le scrutin d'arrondissement d'abaisser le niveau intellectuel et moral de la représentation nationale, de favoriser les coalitions d'intérêts subalternes et locaux au détri ment de l'intérêt général, de créer une Chambre de commissionnaires experts en maquignonnages, mais absolument étrangers aux sentiments qui doivent dominer les gouvernants d'un, grand, pays. On a peut-être raison, bien que les assemblées nommées au scrutin de liste n'aient pas, en 1848 et en 1871, justifié la confiance que la nation leur avait accor dée. En 1848, une assemblée orléaniste et républicaine a accouché de l'Empire, et, en 1871, une assemblée légitimiste a accouché de la République. Toutefois, nous reconnaissons qu'au point de vue de l'éclosion des talents nouveaux, de la mise en lumière des aptitudes gouver nementales latentes, le scrutin de liste semble supérieur au scrutin d'arrondis sement. L'expérience eût donc été en tout cas intéressante, et peut-être salutaire. Mais les partisans du scrutin d'arrondisse ment ont eu cette bonne fortune que la...