Extrait du journal

A dix heures, Bouronneau et lui étaient rentrés au château de la Chasse, où les attendaient leur déjeuner et Théophile. ■— Où est Louise ? demanda Tournebu, — Madame descend, répondit la servante en apportant le vin. Louise, en effet, descendait. Au moment d'-entrer dans la salle à manger, elle s'arrêta pour se composer une physionomie, supposant naturellement qu'elle allait se retrouver en présence d'Horace, et sentant son cœur battre à cette agréable pensée Enfin elle entra. En constatant du premier coup d'oeil l'absence de l'homme qu'elle aimait, elle pâlit et chancela, douloureusement étonnée. • • — Belle femme ! arrivez donc ! lui dit Théophile, de sa bonne voix de nez qui avait des notes si amicales et si grotesques. Tournebu alla vers Louise avec empressement pour la conduire jusqu'à sa place, mais elle le repoussa, alla s'asseoir dans un coin et se mit à regarder vaguement par la fenêtre, — sans songer à manger. — L'oiseau est bien envolé, va ! et il ne reviendra plus! murmura Bouronneau, la bouche pleine. ' — Tu n'as donc pas faim, chère ? demanda Tournebu avec une tendre sollicitude. < Astartè eut l'air de ne pas entendre. Son amant insista: elle fit un geste de colère devant lequel il n'y avait pas à insister. — Dis donc, Louise, reprit négligemment Bouronneau, j'ai une nouvelle à t'apprendre,.. Chafïaroux se marie. Louise tressauta sur sa chaise et regarda Bouronneau d'un air effaré. — Il nous a annoncé cela ce matin dans le bois, conlinua malvclllamment Houronncau. Annoncer un mariage dans le bois, ce n'est pas avoir de chance, n'est-ce pas? ajouta-t-:l en riant bruyamment, tout seul-, de sa grossière équivoque. ...