Extrait du journal
fait la polifjque locale, trop locale; c'est pour assister aux> querelles de citoyens divers et c'est pour- voir la bisbille sempiternelle des plus mesquines ambitions... Alors, elles pré fèrent somnoler. Pour que fût agréable leur réveil, il fau drait surtout que se réalisât cette autre idée que le président du Conseil préconise : l'union, la bonne intelligence des Français. Il faudrait que se transformât l'esprit de la politique contemporaine. Ah! ce n'est pas une réforme facile !... Et personne, du reste, n'a dit que ce désirable miracle dût, l'un de ces jours tout prochain, survenir. Mais nous aurons de la patience. Les petites villes en ont assez en duré pour ne point avoir, là-dessus, une hâte fébrile. Et si, peu à peu, très lentement, très doucement, les politiciens de campagne et de cité consentaient à relâcher leur acharnement terrible ; s'ils consentaient à ménager complaisamment, de plus en plus complaisamment, l'âme gentille de ces endroits qui, à leurs yeux actuels, ne sont que leurs circons criptions, alors tout n'en irait que mieux, et, dans quelque temps, tout irait bien. Autrefois, les petites villes étaient char mantes. La vie quotidienne y avait une ama bilité gracieuse. Quand on va les visiter, en passant, on s'en aperçoit encore. Elles ont l'air de vieilles dames qui ont eu des ennuis, qui ont eu des malheurs, mais qui gardent encore dans la physionomie quelque chose des époques prospères et souriantes. Autre fois, dans les petites villes, tout le monde se connaissait. Maintenant, si l'on se connaît encore, c'est pour se détester, — à cause de la politique. 11 v avait, dans ces petites villes, une société polie, bien agencée, docile à d'an ciens et bons usages. On se faisait visite, on se recevait, on allait à la préfecture, pour les dîners et pour les bals. Maintenant, c'est fini, parce que — à cause de la politique — la société des petites villes s'est divisée, épar pillée : eh ! bien, elle était assez nombreuse pour être plaisante, mais elle n'était point assez nombreuse pour se répartir en autant de groupes qu'il y a d'opinions politiques. Chacun de ces groupes est animé, désormais, de haine contre tous les autres. Et cela fait beaucoup de haine, pour remplacer les rela tions cordiales de jadis. Ah ! comme il serait souhaitable qu'on trou^ vât enfin le moyen de refréner et, disons-le, de supprimer cette politique néfaste. Le re mède le meilleur, c'est Jus politiques de le dire : c'est à eux de guérir le mal qu'ont fait les politiciens. Mais qu'on y songe. Et, si l'on y songe, bravo !.,. Réveillées et guéries, les petites villes re commenceront bientôt à être délicieuses. Sur le mail et sur ie parvis de la cathédrale, on causera, de façon calme, enjouée, heureuse. Il y aura de beaux dimanches, autour du kiosque où retentit la martiale musique des militaires ; et les auditeurs de ces concerts vaillants se salueront, les uns les autres, avec une cérémonie affable. Dans les salons meublés à la Louis-Philippe, on dansera au son des pianos où les jeunes filles bien éle,vées exaltent leur rêve prudent. Bref, le vi sage des petites villes aura, de nouveau, le sourire qui lui va si bien. Quand sera-ce ?... Georges Hellouin....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
En savoir plus Données de classification - briand
- jean mascart
- lagrange
- georges b. stirbs
- prosper d'epinay
- ernest caron
- antonio
- mauduit
- ramon
- adatci
- paris
- france
- nîmes
- besançon
- marseille
- nancy
- argentine
- ouessant
- arenberg
- pékin
- drouot
- union postale
- ligue maritime française
- jardin botanique
- c. g. t.
- académie des beaux-arts
- lapeyre
- longchamp