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Le Figaro, 12 août 1874

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Le Figaro
12 août 1874


Extrait du journal

L'effet produit par ces quelques mots fut immédiat et fut terrible. De pâle qu'elle était, la vieille fille de vint livide. —r Ses traits, si débonnaires d'habitude, prirent en se Contractant une expression effrayante.—Un double éclair jaillit de ses yeux ternis par les larmes. — Ah ! misérable !! — cria-t-elle, et elle bondit, les mains étendues, avec la volonté ferme de prendre Robert par le cou et de l'étrangler. Mais elle avait compté sans la faiblesse de son corps, doublement usé par l'âge et par les quatre mortels jours qui ve naient de s'ecouler. M. de Loc-Earn lui saisit tranquille ment les poignets et n'eut pas besoin de recourir a une violence prolongée pour la contraindre à se rasseoir sur la chaise qu'elle occupait quelques minutes aupa ravant. Elle se sentit vaincue, elle se sentit impuissante contre cet homme, contre ce lâche dont elle connaissait l'infamie,-et, cachant son visage dans ses mains, elle versa des larmes plus amères que toutes celles qu'elle avait répandues jusque-là. — Mais comprenez donc, ma pauvre Ursule, — dit le comte avec impatience, que tout ce mélodrame est de trop ! — nous perdons un temps précieux... — Henriette nous, attend, et s'inquiète en ne nous voyant pas revenir... —La si tuation est bien simple... — Je suis le père d'un enfant... bâtard aujourd'hui... mais qui deviendra légitime quand Hen riette sera ma femme. La gouvernante releva la tête, et ces mots passèrent en sifflant entre ses dents serrées : — Votre femme ! Elle ! Ah ! jamais !... Robert haussa les épaules. — Eh ! mon Dieu, >— répliqua-t-il, —> croyez-vous que je ne lise pas en ce mo ment ce qui.se passe dans votrô esprit?... — Vous complotez de me dénoncer à M. d'Auberive comme un suborneur. comme un coquin, comme un être vil et méprisable, et de me faire chasser de l'hôtel !... Vous projetez d'ouvrir les yeux de votre maîtresse sur mon compte , et de me peindre à elle sous d'assez noires couleurs pour qu'elle me haïsse autant qu'elle m'aimait......

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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