Extrait du journal

La Compagnie de l'Ouest a deux gares, on le sait ; l'une au coeur de Paris, est sa préférée ; l'autre, sur la rive gauche, est sa Cendrillon. Rien n'est trop cher pour parer la gare chérie de la rue Saint-Lazare ; pour celle qu'on aperçoit au bout de la rue de Rennes, la marâtre de l'Ouest n'a que des dédains ; elle laisse la pauvrettre dans un état de dénûment qui fait pitié et les trains rapides qui filent nombreux vers la Normandie sont très rares sur la ligne de Bretagne. Quand, par exemple, on veut prendre l'express de Rambouilllet, il faut se lever à une heure invraisemblable ; ce train part à sept heures et demie. Comptez une petite heure pour le fiacre et il faudra tout de suite vous faire réveiller à cinq heures, si l'on veut avoir le temps de procéder à sa toilette et de prendre une tasse de thé. L'invitation de l'ami qui m'a entraîné de ce côté n'avait donc rien de séduisant pour un Parisien des Batignolies. A cette heure matinale, la ville manque encore de gaîté ; les fiacres n'accrochent pas encore les voitures de maître ; les industriels qui font mine d'être écrasés pour toucher une forte indemnité ne sont pas encore à leur poste. Paris est encore livré aux maraudeurs qui ont passé la nuit dehors, dorment sur leur siège et s'en rapportent à l'intelligence du cheval qui ne tient plus sur ses pattes. Ce voyage manque de gaîté et d'imprévu....