Extrait du journal

cial. Franchement, ce système est telle ment absurde qu'il ne peut pas durer. Il avait une apparence de bon sens quand la période militaire était assez longue pour.transformer réellement les recrues. Raccourci maintenant à deux ans — et l'on devine bien qu'il le sera à un seul, — le service militaire ne peut rien façon ner si l'éducation nationale ne lui fournit des sujets déjà préparés. *** Cette éducation sportive spéciale, ex cluant tout ce qui ressemblerait à« jouer au soldat » mais dirigeant tous-les sports vers l'utilisation militaire,—rien n'est plus facile que de l'imposer à l'écolier, car elle l'amuse. Sous une inspiration intelligente, elle peut transformer les mornes distractions du collège. Regar dez-les de près, ces distractions actuel les : vous reconnaîtrez vite qu'elles sont choisies si vaines uniquement parce qu'elles épargnent de la peine-et de la surveillance aux maîtres. On favorise au collège l'es sports inutiles parce que les sports utiles exigent un vrai enseigne ment et quelques frais. Frais bien misé rables : qu'est-ce qu'il en coûterait pour rendre l'équitation, la natation, le cy clisme obligatoires à l'école ? Assuré ment un mince accroissement du budget actuel. Et ce serait là,dans toute la forc.e du terme une dépense productive, à côté de tant de; dépenses stériles. Le jour où tout jeune Français sortant de l'école saurait marcher, monter à cheval, tenir une épée, nager, tirer à la cible, non pas comme un professionnel mais comme un amateur de force moyenne, on ne mettrait pas deux ans, ni même un an, pour en faire le plus redoutable soldat d'Europe : et l'économie passerait alors de loin la dépense faite à l'école. Un autre avantage de cette direction des écoliers vers les sports éminemment utiles que sont les sports militaires serait d'approcher un peu plus la vie scolaire de la vie réelle. Par quelle aberration s'obstine-t-on à faire ■ faire à l'enfant écolier des choses qui semblent choisies systématiquement hors de toute .réalité pratique?Intellectuellement, on lui épuise le cerveau sur des études qui, de l'aveu même des professeurs, sont de simples « matières d'examen ». Physiquemeht, on lui fait lancer des balles par-dessus un filet ou donner des coups de pied dans un ballon. Pourquoi rie pas administrer plus économiquement, et l'effort-.mental et l'effort des muscles? De plus en plus, malgré qu'elle allonge,,absolument, la vie humaine apparaît courte! pour les in nombrables nécessités do l'activité mo derne. Gagnez donc du temps à l'école, gagnez-en pour le présent et pour l'ave nir, en excluant les .études sans applica tion et les sports sans utilité.. Fuites, en un mot, une éducation^eeZic. . De telles idées sont si obvies qu'on ne se s'ent point "original à les émettre ni à les défendre."Pourtant" je ne sache pas que, parmi les innombrables sociétés sportives contemporaines, il y en ait une seule qui préconise, à l'exclusion des autres, les sportsutiles. Et je n'en con nais pas non plus qui travaille à installer à l'école ces sports, entre tous utiles, qui prépareraient l'écolier à se transformer du jour au lendemain en soldat. Si une telle société existe, elle doit se heurter à bien de l'inertie scolaire, car le stupide jeu de barres et le monotone, tennis triomphent toujours dans les collèges... . La devise des éducateurs sportifs, dans nos écoles, devrait être celle qui décore l'admirable tableau-fresque de Pu vis de Chavannes à Amiens : Ludiis pro Patria. Marcel Prévost.,...