Extrait du journal

-, INSTANTANÉ DEGAS On-a vendu, avant-hier, quatre cent trentecinq mille francs, un tableau-.de lui, ses Dan seuses à la barre. Le sait-il ? L'a-t-il entendu dire ? .Et comment a-t-il pris cela ? Car il vit extrêmement loin de ces aventures, extrême ment loin du monde, fort seul, avec son art. Il est l'un des plus glorieux artistes de notre pays : et il n'a pas du tout cherché la gloire. On pourrait se demander s'il l'aime. Un admirable artiste et, si l'on peut ainsi parler, d'une originalité classique. Depuis qu'il travaille, il n'a pas une fois dévié de son idée, de sa volonté. Les modes, autour de lui, se sont transformées ; les écoles se succé daient/ Il n'en a pas été touché ; il n'a subi aucune influence ; il n'a paru s'apercevoir de rien, que de son art à lui. Sa maîtrise ne dé pend que de sa pensée et de sa certitude ré fléchie et fiére. Il est célèbre pour son esprit. Et l'on cite des mots de lui, des mots surprenants, sou vent durs, et d'une telle justesse qu'on ne les oublie pas, et d'un style qui fait qu'on les re connaît, • parmi tous les mots de l'époque, comme les siens. L'époque, il ne lui est pas doux. Il la traite sévèrement, cruellement : quelle satire contem poraine, qu'une heure de sa causerie! L'épo que ne lui en veut pas : elle l'admire. Elle a raison....