Extrait du journal

UN DISCOURS DE M. LEON BOURGEOIS M. Léon Bourgeois vient d'être élu président, de la gauche démocra tique du Sénat. Il succède à M. Combes, mais il ne lui ressemble pas.Il est même singulier que deux hommes politiques puissent appartenir au même parti et se ressembler aussi peu. La carrière de M. Léon Bourgeois, d'ailleurs si brillante, est à certains égards une énigme. Et l'on retrouve, dans le discours qu'il a prononcé en prenant possession de son nouveau fau teuil présidentiel, les mêmes contradic tions qui étonnent si l'on considère l'en semble de sa vie publique. D'une part, il a charmé ses collègues de la gauche démocratique par un éloge de M. Combes et une apologie de la sépa ration de l'Eglise et de l'Etat — qu'il s'était bien gardé de réaliser, quant à lui, lorsqu'il était au pouvoir; il a parlé de réforme fiscale, c'est-à-dire d'impôt sur le revenu, et il a déclaré que «, mal gré les essais de division tentés à l'ex trême frontière du parti socialiste, les deux blocs iraient l'un contre l'autre au combat prochain ». Les deux blocs! C'est la pensée et le vocabulaire même de M. Combes. Mais d'autre part, dans ce même dis cours, il a insisté avec éloquence sur la nécessité de l'union, de la paix sociale, de-la fraternité entre concitoyens ; il-a...