Extrait du journal
LA FAMILLE 10 heures du soir. * Je sors, le cœur serré, de la demeure de ce brave garçon, rue du Marché, à Neuiliy. Depuis que la fatale nouvelle de sa mort s'est répandue, des groupes nom breux viennent de tous les points de Pa ris : ce sont ses mille amis connus et in connus qui veulent serrer une dernière fois sa main loyale. Nous nous croisons avec une députation du Rappel, de la Ré forme, des étudiants, de tout ce qui est jeune, ardent, de tout ce qui vit enfin. Nous trouvons son fràre, Louis Noir, accablé sous le poids de fa douleur, qu'il porte avec toute son énergie d'ancien zouave. Autour de lui, les femmes pleurent, les amis sanglotent ; rien de touchant et de pénible comme cette larme silencieuse qui coule le long de la joue bronzée de Louis, son ainé, presque son père. Il avait pour ce grand enfant de vingt ans, que nous aimions tous, une amitié qui touchait à l'adoration. A midi, il lui serra la main en lni souhaitant bon courage, à une heure on lui ramène un cadavre. Victor Noir devait sa marier hier, 10 janvier; quelques observations de son père retardaient son union. La. fiancée est là, immobile, froids, presque aussi pâlo, que la' mort. Cette jeune fille de seize ans, qui n'a connu du bonheur que l'es poir, a dans ses veines du sang créole. Si quelqu'un, doit venger notre ami, c'est cette enfant. — Il y a trois jours, medit-alle, nous jouions à qui mourra le premier. — Et?... — Et... il a perdu. *** .» Au milieu dés mille protestations de sympathie qui se font entendre, nul ne songe au père. C'est un ouvrier horloger; il est ma lade, au lit, presque mourant. Il habite avenue Joséphine. Lorsqu'on est venu lui annoncer la mort da Victor, il n'a pas laissé achever l'ami qui s'était chargé de la pénible mis sion. Il a deviné. — Personne, a-t-il dit, ne l'apprendra à la mère... Allez-vous-en, laissez-nous. La scène qui s'eat pàpée entre les deux vieillards a dû être des plus poignantes. La vieille mère s'est traînée jusqu'à la maison de son fils, de son Benjamin. — Je veux le voir, disait-elle... je veux la voir.. On a craint que sa douleur fût trop vive, on ne l'a pas laissé monter. Un ami l'a ramenée près du moribond. Pauvre père!., pauvre mère!... Que da larmes pour leurs derniers jours. *v Avec un groupe d'amis, nous montons dans la chambra du mort. La première . pièce est un atelier > de peintre ; une bibliothèque, une table de travail, tels sont les meubles ; pendus aux murs, quelques tableaux, des gravavas, des fleurets et des masques d'esurime. Dé tail curieux, une tête djs. sgort, une a'JÎra...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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