PRÉCÉDENT

Le Figaro, 12 juin 1927

SUIVANT

URL invalide

Le Figaro
12 juin 1927


Extrait du journal

Second supplice Je Jeanne d'Arc On s'est enfin aperçu que la dalle qui re couvre le lieu mortuaire de. Jeanne d'Arc, à . Rouen, constituait une honte nationale. Au len demain des magnifiques fêtes qui ont honoré, à Paris, la sainte de la patrie, nous nous som mes rendus à Rouen avec des amis, et ils ont été écœurés comme nous. — Quoi ? ont-ils dit, c'est ainsi que la France traite la plus pure-de ses gloires? Allez aujourd'hui, pu demain, sur la place du Vieux-Marché, à Rouen. Vous y verrez, en plein trottoir,- une simple dalle : Jeanne d'Arc, 143t. Sur ces mots à jamais sacrés, les déchargeurs de légumes passent, ils crachent, ils traînent leurs. lourds talons, et les débris de légumes, s'accumulent avec les déchirures de journaux. Si vous doutez de nos paroles, allez à Rouen, et vous verrez le scandale, tel qu'il existe au jourd'hui, tel; qu'il durera longtemps encore. Car M. Poincaré vient de Rouen. Il a fait le plus beau et le plus noble des discours. La municipalité rouennaise, saisie d'un enthou siasme sacré, a enfin décidé de réaliser des pro jets qui traînaient depuis si longtemps. Et il n'est question de rien de moins que de statues, d'arcs de triomphe, de pavages tout dorés et de la démolition des halles pour per mettre la reconstruction complète d'un décor qui ne coûtera pas moins de cent millions. Nous craignons un tel emportement après tant de négligence honteuse. Et d'abord, qui donnera ces cent millions ? Où les trouverat-on ? Il n'en est même pas question. Ce que nous demandons, et avec nous tous les Français désolés de voir la manière dont les Anglais regardent le lieu mortuaire de sainte Jeanne, ce ne sont pas des constructions en l'air, c'est un peu de réalité immédiate/Nous demandons l'achat d'un balai/ qui coûtera six francs à la municipalité de1 Rouen, et d'une; petite grille qui ne dépassera pas quarante francs. En attendant les réalisations qu'on* nous ' promet, nous exigeons, aujourd'hui, tout de suite, un peu de décence et de propreté. Il ne faut plus que des Français éprouvent, à voir le lieu mortuaire de Jeanne d'Arc, un frisson de honte ; il faut lui épargner ce qu'elle subit actuellement, le vieux journal, le crachat, les débris de choux, et le talon des déména geurs." "-.c U faut, sur ce trottoir, sur cette dalle même, un petit autel à la sainte de la patrie, où les mamans de ceux qui sont morts pour le pays puissent venir déposer, les larmes aux yeux, de* petits bouquets de fleurs simples comme, elle. Hervé Lauwick....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

En savoir plus
Données de classification
  • israël
  • chaliapine
  • poincaré
  • lindbergh
  • austen chamberlain
  • lucetti
  • brian
  • diver
  • dantzig
  • stresemann
  • france
  • moscou
  • italie
  • washington
  • rouen
  • autriche
  • paris
  • amérique
  • genève
  • allemagne
  • la république
  • g. p. u
  • napo
  • journal officiel
  • ligue des droits
  • parti conservateur
  • parti radical
  • département de la guerre
  • sénat
  • france 5