Extrait du journal

Comment traite-tTon les gens d'humeur délicieuse, qui ne se fâchen t jamais, ni ne se plaignent, ni ne revendiquent, mais acceptent, subissent avec une patience infatigable et dont la critique même a un air- de caresse ? Est-on à leurs pieds, le coeur brûlant d'admiration, fondu de reconnaissance? Au contraire ! on profite de leur mansuétude pour se mettre bien à l'aise. Vous attendent-ils : on les laisse attendre - ils ne diront rien ! - Doit-on, dans un conflit, sacrifier le droit de quelqu'un : on choisit de sacrifier le leur - ils ne protesteront pas, ou si discrètement!... Leurplace semble-t-elle bonne à prendre : on s'y met sans nulle crainte- ils ne se vengeront pas !-Même, on n'a guère de remords ! ce qu'on leur vole ils n'y tenaient pas tant, ils sont si mous ! Leur bonheur est-il en travers du chemin : on marche dessus ' - pourquoi les ménager, ils ne sauraient éprouver de grandes souffrances puisque jamais on ne les entend crier ! - Ils* ne nous inquiètent pas par de bruyantes récriminations, ne nous arrêtent pas par des violences. Alors notre égoïsme s'étale sur eux, les recouvre de telle sorte que, bientôt, nous cessons de savoir qu'ils sont là....