Extrait du journal

« Vive le mort! » ce cri, qui éveille tant d'échos en France, parmi les envieux de bonne volonté, donnerait envie de se faire enterrer aux hommes pleins de vie et de génie que l'en vie tue un peu chaque jour à coups d'épingle 1 Après les pleureurs, après les porteurs de santés à l'espa gnole, il ne faudrait pas oublier non plus les personnages offi cieux et officiels, qui figurent aux funérailles et les décorent au même titre que les panaches, les écussons en argent et les chevaux caparaçonnés des Pompes funèbres. Point de grand homme bien enterré s'ils ne sont de la fête. Ils vont au cime tière comme un régiment va au Champ-de-Mars, une bonne aux Tuileries, un ruisseauàla rivière. C'estla force de la pente, de l'habitude, de la vocation. S'ils ne faisaient pas un effort de volonté pour surveiller leur promenade, les jours où le client ne donne point, ilsserendraientau Pèfe-Lachaise, tout droit et les yeux fermés. Le marbrier se découvre sur leur passage, le fossoyeur leur réserve la belle place autour de la fosse béante. Ils s'orientent dans les allées pavées de croix et de chapelles gothiques, comme un cocher de fiacres dans le dédale dès rues de Paris....