Extrait du journal
Quand on est très jeune, l'heure de la rentrée ouvré la porte à l'espérance. L'année s'étend devant vous comme un libre espace, illimitée, fertile en promesses, en surprises heureuses. C'est que, dans l'adolescence, toutes les découvertes sont à faire, toutes les possibilités sont imminen tes. N'êtes-vous pas attendri de songer qu'à une époque de votre vie vous ne connaissiez pas Tristan, que Balzac ou Stendhal allaient seule ment alors se révéler à vous ? Epoque où vous n'aviez pas encore aimé, ou si peu, et pas encore agi... Un jeune cœur tressaille, en vahi de pressentiments. Plus tard, la rentrée n'a plus siguifié l'accès à des régions inédites et désirables, mais la reprise d'habitudes, le recommencement de ten tatives déjà essayées. L'heure était passée des explorations méthodiques. Si la jeunesse s'en thousiasme, c'est que le monde lui paraît vierge et réservé à son usage. Après quelques années, on sait que la Belle au bois dormant a déjà été réveillée par de nombreux prédécesseurs, et qu'elle se rendormira après votre passage. Dans la maturité, il faut se résigner à relire et à réentendre, et l'on ne peut plus compter que sur des découvertes inopinées, que leur sou daineté même rend d'ailleurs d'autant plus exal tantes. Une rencontre, un simple hasard parfois suffisent. On voit ainsi paraître chez certains êtres un adolescence de la quarantaine. C'est un éveil de facultés et de sensations vraiment im prévu. Telles illuminations vous paraissent les ; merveilleux cadeaux d'une Providence qui s'in- ! téresse enfin à vous. Et même des lieux ou j des personnages familiers, trop familiers, nous i accordent des surprises s'il nous arrive de les . regarder avec des yeux différents. ! Néanmoins, il est sage, en rentrant, de ne pas espérer pour les mois qui viennent une suite bouleversante de joies nouvelles. . Aussi, comme nous ne pouvons pas nous empêcher de prendre hypothèque sur l'avenir, bornons- 1 nous prudemment à le faire sous forme de j « sages résolutions ». Contentons-nous de pro- . jets modiques, avec la pensée sournoise que, peut-être, la réalité les dépassera. Dresser un programme amène souvent à ne pas le remplir, mais, en attendant, il donne confiance. Profi tons donc de ce moment de l'année pour nous relancer. Oublions tant de promesses que nous nous étions faites à nous-mêmes et que nous n'avons pas tenues. Partons d'un bon pas. En ce début d'octobre nous pourrons ainsi nous répéter, mais à mi-voix, ce que nous disions avec imratience quand nous rentrions en classe. — Qu'est-ce que cet hiver va m'apporter ? Robert de Traz....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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