Extrait du journal
Le Français naît spirituel. Mais la nature compense largement cette fa veur en le faisant aussi avare et jobard : deux qualités qui, réunies, préparent un homme à être roulé. Il n'y a lapin plus prompt, pour fuir le bruit des feuilles, à se précipiter au piège. Depuis longtemps les places étrangères, ont rangé ce trait de notre tempérament parmi leurs connaissan ces classiques. Le moment exige que le Français élargisse son avarice jusqu'à l'intérêt de son pays et quitte sa jobardise pour voir plus clair autour de lui. Au cours des mois prochains et tant que l'Angleterre n'aura pas avancé ses armements, la paix ou la guerre en Europe dépendra à - peu près uniquement de la crainte que les agresseurs auront d'une guerre lon gue ou de leur espoir dans une guerre courte. Les chances principales de guerre longue, autrement dit de paix, sont dans la solidité de la France et, par conséquent, du franc et dans le résultat de l'effort que le président Roosevelt, en dépit de pro pagandes acharnées et subtiles, fait pour intéresser ses concitoyens à l'Eu rope. Cela devrait donner à réfléchir. ■ Quant aux intérêts qu'hommes de droite ou hommes de gauche, nous avons dans l'affaire du franc, les épais brouillards répandus sur la question ne peuvent nous égarer indé-finiment. Je ne connais pas de société conservatrice ou capitaliste dont la structure ait résisté à une complète débâcle de la monnaie. Et je connais encore moins de régime populaire ou démocratique qui n'ait fini, dans une telle débâcle, par une sorte d'escla vage baptisé du nom que l'on voudra. Au surplus, il est dangereux, parmi les peuples d'aujourd'hui, de faire figure d'imbéciles ou d'incapables. Or nous faisons cette figure... Quand l'Italien, dont le papier est gagé par je ne sais quel métal, me vend sa lire 1 fr. 60, quand le Suisse, qui a plus de rochers que de bonnes terres à cultiver, me vend son franc sept ou huit francs français, quand le chan geur soviétique lui-même, bien que j'appartienne à une authentique dé mocratie, fait la moue pour me don ner un méchant rouble contre six ou sept francs, je me sens mal à l'aise : parce que c'est cher et, plus encore, parce que c'est idiot....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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