Extrait du journal

Quand les radicaux ne sont pas au pouvoir, a dit [Waldeck-Rousseau, qui les connaissait et les fus tigeait bien, ils considèrent que ç'en est fait de la République. Avec M. Steeg, ils y sont en nombre. Le Cartel va renaître. La République est sauvée. Si le ministère est fait cette nuit, que signifieraï-il ? Sur quel programme se sont mis d'accord les jhommes qui ont accepté M. Steeg comme chef ? A dix heures du soir, il n'en avait pas encore été ques tion. Dans une combinaison de cette sorte, on n'échange pas des idées. On combine et voilà tout. On sait bien que le groupement qu'on organise n'est pas un gouvernement. On discute sur le nom bre de voix nécessaires pour obtenir de la Chambre, Je premier jour, une loi de sursis. On pointe. On en visage combien il faut sacrifier de portefeuilles pour avoir la.dizaine de voix qui a manqué à M. Chàutemps. On fait lancer des menaces de dissolution en cas d'échec de la* formation en cours. On songe au lendemain matin, on ne regarde pas l'avenir. Les cabinets du genre de celui qui est fabriqué cette nuit sont de ceux qui, comme les vrais voyageurs, partent pour partir* On restera au pouvoir peu ou prou. Ce cabinet-ci restera peu: Tout le"- monde le sent. C'est un cabinet d'intérim. S'il arrive au monde, ce matin, il fera franchir à la politique les ponts de Noël et du Jour de l'An. Le terme de sa vie coïncidera peut-être avec l'autre : celui du :15 janvier. Il se sera donné la peine de naître. Aura£-il la force de subsister ? Hélas ! il aura probablement le temps de mal faire. Les noms qui circulent ne sont pas rassurants. La liste nous en ramène, comme le dossier de la Snia Viscosa, aux sombres jours de 1926. L'an qui vient s'annoncerait tristement si l'on ne pouvait avoir la certitude que la majorité saura tôt reprendre l'offensive et déloger ce ministère de gauche qui s'introduit par la ruse dans la Chambre poincariste fTavril 1928....