Extrait du journal
sons que dans la visite banale en appa rence, un cœur compatissant et dévoué recommande l'ouvrier sans travail — ou place la pauvre fille abandonnée. Nous leur disons, que dans sa correspondance de chaque matin la femme du monde charitable et dévouée a une lettre toute prête pour recommander quelque mal heureux, solliciter en sa faveur, implo rer, oserai-je le dire ?... importuner pour lui. Nous leur disons, enfin, que telle jeune femme toute resplendissante de beauté et d'élégance ne franchit peutêtre pas une fois le seuil de ce salon où l'on croit qu'elle ne va que pour briller, sans chercher à résoudre, par son in fluence, par le charme même qu'elle exerce, quelqu'un de ces terribles pro blèmes de la misère que l'OEuvre sociale lui pose chaque jour. ; ■ Si celles* qui donnent tout leur temps,; toutes leurs peines, toute'leurvie, à cette:' œuvre, sont admirables,' vous voyez que vous ne l'êtes, que vous ne le serez pas moins. Par vous, mesdames, par vous sur tout, s'établira cette solidarité en vertu de laquelle le riche répond devant la société pour le pauvre, l'heureux qui possède pour le misérable qui n'a rien, le cœur plein de trésors d'intelligence et d'amour' pour le cœur ulcéré qui ne connaît que la haine et le'désespoir. Quel grand but dans la vie, mesdames ! . Que de. lois en voyant les incessants labeurs dé certaines existences doulou reuses, nous, les heureux, nous ne fai sons pas grand cas de notre vie! Que de fois notre temps nous semble rempli par bien des banalités et des inutilités, que nous ne pouvons, ni ne devons supprimer pourtant ! Aux débuts de la vie mondaine, cette impression est moins vive et moins pro fonde. • Mais quand la première jeunesse s'est enfuie et que nous continuons les mêmes occupations ou inoccupations ? Nous sentons, n'est-il pas vrai, un vide, un dégoût,une lassitude qui nous prou vent que ce qu'il y a de meilleur en nous n'est pas satisfait. , Notre cœur et notre âme demandent autre chose. Eh bien ! cet autre chose, le voici bien simplement : Désormais, vous aurez à cœur, n'est-ce pas, qu'il n'y ait guère de vos relations, de vos démarches mondaines, de vos plaisirs même qui ne soient utilisés. Ah! si j'osais, je vous dirais, exploités pour rendre service à vos pauvres pro tégés de Popincourt. . Venez. Venez un jeudi, voir leurs.petits enfants. Ces enfants se jetteront dans vos bras comme ils se jettent dans les nôtres... et vous comprendrez touslesdévouements qui s'imposent au contact de' ces chers petits êtres. . Enfin, vous ferez plus encore : vous étendrez ces dévouements jusqu'à l'œu vré elle-même, qui est si heureuse de vous * avoir pour patronnesses ; vous vous intéresserez de plus en plus à elle ;: vous suivrez ses progrès ; vous étu dierez ses" besoins ; vous la ferez connaî tre parmi vos proches, vos amis, parmi ces indifférents même qui ne croiseront peut-être votre chemin qu'un seul jour !... Et permettez-moi d'ajouter que le mo ment actuel sera particulièrement bien choisi, car il faut bien que je vous avoue — oh ! non pas notre misère — on n'est jamais misérable quand on peut faire appel à des cœurs comme les vôtres, mais l'état de nos finances. Les souscriptions si spontanément ob tenues au printemps se sont élevées à 12,000 francs. C'est avec ces 12,000 francs que nous avons fait une partie de nos aménage ments, rue de la Folie-Regnault, et payé le premier trimestre de notre loyer. Pour sept grandes salles, quatre ate liers, une maison complète d'habitation et deux cours donnant sur des rues diffé rentes, nous payons un loyer de 8,000 francs. Les travaux, malgré les prodiges d'é conomie du plus dévoué des architectes, se sont élevés à 16,000 francs. Six mille francs ont déjà été payés ainsi que le premier trimestre de l'année 1898. Mais il faut pourvoir au terme d'avril et au payement du reste de nos travaux. Voici donc ce que je me permets de vous proposer : . . Vouloir bien verser d'ici au 15 mars la cotisation annuelle de 100 francs, que vous avez, bien voulu vous engager — dans la réunion du 7 juin — à remettre à l'œuvre ou à recueillir pour elle. Puis de décider — d'après les pro grammes qui vont vous être soumis — l'organisation d'une fête, représentation ou concert, qui achèverait de nous pro curer les ressources dont nous avons besoin. Quant à moi, je ne puis que vous re mercier d'une attention dont j'ai honte d'avoir abusé. Mais vous me pardonnerez, car j'ai l'idée que l'OEuvre sociale fera des heu reux, même ici. N'êtes-vous pas de celles qui trouvent leur bonheur à pratiquer la véritable charité, celle qui, quoi qu'on en dise, commence par les autres ? Marquise Costa de Beauregard....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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