Extrait du journal

Chronique. La politique réelle se divise en deux choses : L'administration qui doit marcher toujours et d'une allure non interrompue, et la polémique qui est un accident. De l'administration dépend le bien-être matériel du pays; de la polémique dépendent le succès de certaines idées et l'élévation de certains hommes. Il est singulier ^que ce qu'on appelle politique en France soit précisément la partie la moins impor tante de cette science, et qu'on ne fasse aucun cas du reste. C'est ce qui fait qu'on ne peut appeler aux affaires un homme spécial, un bon administrateur, s'il n'est quelque peu rhéteur et avocat. Or, comme les facultés de l'orateur et celles de l'administrateur sont pour le moins différentes, — on est souvent, faute de les trouver réunies, obligé d'opter entre un administrateur et un orateur. Le choix n'est pas douteux, grâce à la tribune, et à l'invasion des avocats dans les affaires ; il s'agit bien plus de parler de ce qu'on fait que de faire quelque chose,—de sorte que le gouvernement, pour obéir aux idées constitutionelles telles qu'on les con çoit ici, risque toujours fort de se passer en con versations. Chaque fois qu'on a voulu mettre à la tête des affaires de simples administrateurs, on a eu à s'en repentir.—On se rappelle la piteuse situation de M. de Gasparin à la chambre des députés....