Extrait du journal
— Monsieur Léon Daudet, je viens faire appel à votre cœur. Je ne veux pas, quant à moi, d'effusion de sang. Vous ne vou lez pas non plus que le sang coule ; jl ne rachèterait pas, ce sang-là, celui quef vous pleurez. Alors, m'adréssant à vous, à votre cœur, je vous demande de vous rendre" et de vous constituer volontairement mon prisonnier. — Monsieur îè préfet, dans des circons* tances inhumaines vous me tenez un lan gage humain. Je ne veux pas, pour une cause non politique, faire couder le-sang et laisser se déchaîner une guerre civile qui, vous le savez bien, pourrait s'éténdre à tout le pays. Non !... Je me rends h.. Je me rends pour la France et la mémoire de mon enfant chéri... » Ayant derrière moi une force très grande et qui, libre, pourrait occasionner les pires malheurs, je préfère me rendre. » Il y a ici, dans les rangs de vos hom mes et parmi mes amis, des. jeunes gens qui ont des parents; je ne veux pas que d'autres enfants subissent le sort de mon fils, assassiné, ni que d'autres parents souf frent ce que j'ai souffert... » Monsieur le préfet, je me rends!... » Tel est le dialogue qui, hier matin, sur le coup de sept heures, mit fin à la tra-s gique résistance du . père douloureux du petit Philippe Daudet. Trois journées de désordre, de bagarres entre camelots du roi et agents, déviant l'immeuble de l'Action Française où M. Léon Daadet s'était réfugié, avaient décidé le gouvernement à procéder, coûte que coûte, à l'arrestation de notre confrère royaliste. Une conférence avait eu lieu la • nuit à la préfecture, à laquelle tous les grands chefs de la police assistaient. Un collaborateur de M. Daudet y avait même été entendu et au matin la décision était prise. A 6 h. 30 un déploiement considérable de_ forces de police donnait au quartier Saint-Lazare un aspect impressionnant. Des agents en masse compacte, des gardes républicains armés du fusil emplissaient les rues environnantes, formant ainsi une ceinture infranchissable. Trois voitures de pompiers avaient installé leurs batteries, cour de Rome, face à l'Action Française, et la circulation se trouvait interrompue dans ce quartier en état de siège. Aux fenêtres et aux balcons du journal cerné, des hommes que plusieurs dures journées n'ont pas découragés observent en silence ces préparatifs. La porte-cochère de l'immeuble est barricadée. Vers sept heures, une limousine vient stopper cour de Rome. M. Jean Chiappe, préfet de police, en descend. II est accoiù-" pagne de M. Paul Guichard, directeur de ' la police municipale. Le préfet se dirige aussitôt vers l'Action Française et frappe...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
En savoir plus Données de classification - criton
- platon
- daudet
- françois coty
- disraeli
- jean chiappe
- paul guichard
- delest
- andré maurois
- veil
- france
- new-york
- lindbergh
- paris
- rome
- dawes
- londres
- allemagne
- russie
- la seine
- m. b
- zeus
- la république
- ligue communiste
- c. g. t.
- jeunes femmes