Extrait du journal
Le Paris de mon enfance et de majeunesse, ce Paris d'autrefois a subi bien des transformations au cours des siècles, mais pas une aussi rapide, aussi complète que celle dont j'ai été le témoin. (Test ;iu point que j'ai peine à retrouver dâns-Vïeliftî-prs cftiartiers, sous la villede Napoléon 111; celle de Louis-Philippe, qui serait aujourd'hui inhabitable, étant données les exigences de la vie moderne, niais qui. répondait aux besoins et aux habitudes de son temps. On s'accommodait de" défauts que l'on jugeait inévitables, aucune capitale n'en étant exempte. El, en somme, avec ses tares et ses verrues, ce Paris-là avait bien aussi son .charme ;:̃ La plupart de ses rues étaient très étroites et dépourvues de trottoirs. Il fallait se garer des voitures sur le seuil des boutiques, sous les portes cochères ou à l'abri de bornes plantées çà et là, à cet effet. Toutefois, là où la circulation était la plus active, le piéton courait moins de risques à cheminer sur la chaussée qu'à traversQr aujourd'hui le Boulevard. Ce Boulevard, qui ne voyait passer alors qu'un omnibus tous les quarts d'heure, desservant la place de la Madeleine et celle de la Bastille où l'on redoutait si peu d'être écrasé, que, devant la Madeleine, j'-ai vu les curieux faire cercle autour du bâtonniste, à la place même où est aujourd'hui le refuge et que, sur la place de la Bastille, je jouais tranquillemerit au cerceau autour de l'Eléphant et de la colonnede Juillet. On n'avait guère à craindre dans tout Paris que les éclaboùssures des ruisseaux coulant au milieu des rues. quand ils coulaient; car, par les grandes chaleurs de l'été, les eaux ménagères y croupissaient jusqu'aux pluies d'orage. En hiver, la neige n'étant jamais balayée' et l'emploi du sel étant inconnu, c'était chose horrible que le dégel Tous les recoins des maisons mal alignées étaient consacrés aux dépôts d'ordures et aux libertés qu'autorisait chez les passants l'absence de kiosques dont l'installation s'est fait trop longtemps désirer. Ces rues enfin, à cause même de leur étroitesse, étaient plus bruyantes que les nôtres. Le roulement des lourds' camions sur de gros pavés arrondis, mal ajustés, où ils rebondissaient .en ébranlant les maisons et les vitres; les cris incessants des marchands et marchandes de fruits, légumes, poissons, ifleurs, etc. poussant leurs charrettes à bras.; des marchands d'habits, de parapluies, de-petits balais; des vitriers et des ramoneurs; la sonnerie des fontainiers soufflant dans leurs cornets l'appel des porteurs d'eau faisant claquer a tour de iras les anses de leurs seaux; les chanteurs ambulants portant de cour en cour leurs clarinettes et leurs tambours de basque tout cela, en somme, était la gaieté de la rue. Ce qui n'était pas tolérab.le, c'était l'obsession des orgues de Barbarie, se relayant sous vos fenêtres, sans répit, du matin au soir, et vous infligeant un supplice auquel, aujourd'huiencore, je ne songe pas sans colère...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
En savoir plus Données de classification - victorien sardou
- sardou
- balzac
- chaillot
- langlois
- haussmann
- coustou
- robespierre
- fontenelle
- beaumarchais
- paris
- metternich
- londres
- marly
- marais
- temple
- france
- nanterre
- courcelles
- mousseaux
- bastille
- sénat
- a.r.d
- union postale
- drouot