Extrait du journal

est le plus difficile d'habiller line femme. On fume peu : que va devenir le fisc ? On cause peu, bien quej'on parle beaucoup. On plonge : pouf... pouf ! En avant bu en arrière, en flèche ou en spirale. L'eau s'écarte eS craquant : l'ondine a disparu. Elle reparaît, et, blonde, sort de l'onde. Il est curieux de noter avec quelle aisance ces êtres plus ou moins édéniques, du mieux au plus mal fait, Se laissent regarder. Sous les grandes ombrelles des tables, les bois sons fraîches coulent dans les gosiers, — et la mer est très bleue. Le soir, sur un sol de verre lumineux, en longues robes les ondines dansent, tout en dî nant de dix heures à minuit. En longues robes 'blanches, mais les dos sont toujours là. De l'île artificielle jaillissent des fontaines lumi neuses avec des jeux d'eau pour musique de Claude Debussy — ou de Ravel. Sur toutes les petites tables, où : sautent les bouchons, brillent des étoiles. Tout à coup, dans un grand vacarme, éclatent les pièces d'artifice. Bleues ou jaunes, vertes, mauves, rouges, de petites sphères courent par le ciel' ; et, au-dessus de l'eau qui bondit, s'enlacent les fusées. Et puis, jusqu'au matin, dansent encore les ondines. En longues robes blanches, en longs dos nus. Sont-elles donc ici venues se reposer ? Se reposer ? Y pensent-elles ? Elles s'entraî nent pour l'hiver. Elles "tournent "et leur vie s'use. Sautez, les bouchons ! Dansez, les on dines ! On va bientôt fermer, — et, comme le feu d'artifice qui s'éteint dans la mer, bientôt mourir. E. B....