Extrait du journal

Aussitôt après l'inauguration de la première exposition universelle à Londres, en 1851, Jules Janin écrivait ce qui suit u Tout à l'heure nous » avons compris, nous autres hommes de cet » âge rebelle, qui recueillons les discordes et » les tempêtes semées par nos pères, sceptiques » qui rougissons d'obéir à la loi et qui courbons » nosfrontsdéshonorésdevantlanécéssitéaujoug b de fer, nous avons contemplé, et, de très près, » cette chose sans nom chez nous: un trône; » cette grandeur oubliée la majesté j cette force, toute puissante le respect. » Grâce à cet ensemble de faits et de sentiments, constaté avec envie et regret, la souveraine d'un grand empire a pu, sans compromettre le trône, sans abaisser la majesté, sans rien perdre du respect public, associer son peuple au deuil qui la frappait, lui montrer son coeur tout entier, le prendre pour' confident de ses joies passées comme, de, ses douleurs présentes et l'appeler à partager le culte qu'elle vouait à une mémoire bien-aimée. N'ayant rien que de beau et de bon, d'élevé et .de pur à révéler, la reine Victoria n'a pas cherché de réticences elle a ouvert pour ceux qu'elle chargeait de tenir la plume, sous sa direction, ses archives les plus intimes; le Journal écrit par elle ai| jour le jour, sans arrière-pensée d'aucun public, les mémoires et les volumineux manuscrits du prince Albert. Il en est résulté une œuvre considérable, émue, attachante, vécue, profondément sincère et que pouvait seule apprécier une nation chez laquelle le dévouement au trône est à la fois un principe et une passion....