Extrait du journal

Jus de Pomme Il y aura, à la Foire de Paris, une se maine du cidre. (Journaux.) L'été, quand la soif, comme une hydre, Mord et ronge les intestins, Par sa rude fraîcheur, le cidre Enchante les moindres festins. « Mon cœur, mon poumon et mon foie, A son aspect, sautent de joie! » S'écriait le gros Saint-Amant, Fils de la grasse Normandie ; Et, quoi que Despréaux en die, Il reste un poète charmant. Le cidre est pour lui « l'or potable Que l'alchimiste a tant vanté ». Voilà bien les propos de table, D'un buveur en belle santé, Que trop de lyrisme époumonne ! Remplacer Bacchus par Pomone, Semble de la démence. En vain, (J'atteste Ponchou, mon cher maître) Un lyreur ose" se permettre De préférer le cidre au vin... Quiconque, pourtant, boit un cidre Plus léger que du petit lait Peut se moquer de la clepsydre, En oubliant l'heure qu'il est... Et contemplez le geste auguste Du paysan qui le déguste Lentement, un éclair aux yeux : ;' C'est parce qu'il se désaltère Du trésor béni de sa terre, Qu'il est grave et silencieux. Mais en fêtant le cidre, en somme, Il convient d'adresser uu los - A l'autre produit de la pomme : L'incomparable calvados. Tant pis si Bourg ou Dijon grogne, Il vaut tous les marcs de Bourgogne, Et rend un service énorme en Perpétuant la sage mode Dans les longs repas si commode, Et que l'on nomme trou normand.. ■' A -tout prendre (que vous en-semble?) Vieux calvados, cidres nouveaux, Devraient être honorés ensemble Comme deux régals sans rivaux Dont les mérites offrent une Opposition opportune : — Avec i'un, sous les arbres verts, '■Là fièvre de boire s'apaise; L'autre réchauffe comme braise, Lorsque sévissent les hivers. Hugues Delorme....