Extrait du journal

dans le domaine ainsi tout chaud de vie de l'art populaire, Dans cette salle brune qui sent le petit lait, la soupe, la fumée de genièvre, où tout est admirablement aménagé pour une certaine existence, on comprend ce qu'était la ferme de type ancien; avec son four et sa fon taine, son pré et son bois, son champ de blé et ses noyers, son rilcher et son étable : un royaume clos qui fournissait à peu près tout. Une sorte d'organisme se suffisant à soi-même. Est-ce que la civilisation ne naît pas de l'alliance conclue entre l'homme et la terre ? 'Si 'l'on donnait aux mots tout leur sens, on verrait que, comme le veut Ramuz, civilisation et art sont deux notions bien près de se con fondre. Rien ne vaut que ce qui tient encore de la nature mais qui déjà est humanisé. L'hom me s'empare des données du terroir, prend pou voir sur les trois règnes, minéral, végétal, ani mal, et essaie de se faire un monde : le monde de l'habitation, de l'outillage, du ménage, de la vêture et de la nourriture, de tout ce qu'il approprie à ses besoins et à ses imaginations. Ce monde sort des choses naturelles et reste proche d'elles, en accord avec elles, à mesure d'homme et à mesure d'arbre. De là partent et la civilisation et l'art. Et ne faut-il pas parfois revenir là toucher terre, pour retrouver fraîcheur et force. Henri'Pourrat....