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Le Figaro, 15 août 1932

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Le Figaro
15 août 1932


Extrait du journal

« Les Allemands ne redoutent rien au monde si-ce n'est Dieu. » C'est sous cette invocation, ré pétée sur vingt écriteaux, qu'a commencé hier, à Pirmasens (à dix kilomètres de notre frontière!), la grande manifestation militaire en faveur de la marche du Sud-Ouest allemand organisée par les associations d'anciens combattants, et qui se pro longera jusqu'à mardi. Le programme officiel de cette fête cite l'Alsace et la Lorraine parmi les terires qui appartiennent au peuple germain... A travers la ville, où étaient dressés partout des arcs de triomphe, une foule énorme a acclamé, dans l'après-midi de cette première journée, le cortège..symbolique dont les hitlériens avaient pris la tête. Les généraux et amiraux qui devaient pré sider, la « vorfeier » du soir étaient arrivés vers quatre heures, en gare de Pirmasens, sous des accla mations enthousiastes, et le Musée de l'armée de Munich avait envoyé de nombreux drapeaux bleu et-blanc. Les drapeaux qui pavoisaient déjà la petite sous-préfecture étaient ceux de l'ancien régime, noir, blanc, rouge, et le seul emblème républicain qui flottât sur la ville était celui, tout administratif, de la station des chemins de fer. Dans les rues, on remarquait d'innombrables a Chemises brunes », des schupos en grande tenue, les uhlans coiffés de la chapska, des hussards rouges et des gardes du corps. Le "cortège qui se forma derrière la clique natiolial-socialiste (fifres et tambours) était composé d'un détachement de la schupo, de la délégation des généraux et officiers de l'ancienne armée impériale portant le casque à pointe et d'une véritable légion de: civils, dont le bleuet cher à Guillaume I" ornait la boutonnière. Les jeunes classes étaient abon damment représentées. Le groupement pour le maintien de l'idée allemande dans les territoires « perdus par le traité de Versailles s> avait délégué ses .meilleurs écoliers et ses puissantes phalanges universitaires. Bref, ce fut, comme nous l'avions annoncé, une arl-ogafifte parade dans • l'esprit • de laquelle com muniait toute la population de Pirmasens. Elle né fut interrompue que pour céder un instant la place aux camions chargés de charcuterie et de ton neaux de bière, et pour mieux recommencer un peu plus tardToute la soirée, tandis que les généraux haran guaient la foule, les délégations d'anciens combat tants ne cessaient d'arriver, promettant pour les cérémonies à venir de belles démonstrations de masse. On prévoit que, ce matin, Pirmasens aura plus de quarante mille hôtes, accourùs de toutes les régions de l'Allemagne. N'oublions pas que tous ces soldats en tenue défilent au mépris de l'interdiction faite par les traités, en zone démilitarisée....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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