PRÉCÉDENT

Le Figaro, 15 décembre 1907

SUIVANT

URL invalide

Le Figaro
15 décembre 1907


Extrait du journal

Donc, aujourd'hui, voilà les Parisiens en colère. Ils en ont assez de mettre vingt-cinq minutes pour traverser l'ave' nûe de l'Opéra en fiacre dans l'aprèsmidi. et trois quarts d'heure pour aller dés Variétés à la Madeleine. Ils sont, en outre, exaspérés de passer plus de temps au bord des trottoirs qu'à marcher sur l'asphalte. Ils invoquent les divinités tutélaires de Paris : députés de la Seine, conseillers municipaux et surtout ce génie l'ami lier delà Ville, dévotion commune à tous les Parisiens : M. Lepine. Les députés s'agitent; les conseillers délibèrent; M, Lépine propos quelques mesures précises, e_n tàchant que le tremblement de ses moustaches ne trahisse pas son envie de rire*. Car il sait bien, lui, possédant son Paris comme s*îl l'avait fait, que Paris ne peut pas être désencombré. On ordonnera aux véhicules chargés de ne circuler qu'à certaines heures, et sur certaines voies : bon ! mais alors, sur ces voies, et durant ces heures, ce sera un tel concours de charrois qu'ils ne pourront plus avancer du tout, et barreront littéralement la traversée aux voitures légères. On réduira la dimension des refuges ? Plaisanterie ! Quelques centimètres de plus ou de moins ne permettront pas de débrouiller l'inextricable écheveau de la locomotion parisienne, sur les grands boulevards, au coup de six heures. Et si vous parvenez réellement à accroître les dégagements d'une voie, cet accroissement se comblera aussitôt, de lui-même : des gens pressés ou impatients qui, aujourd'hui, s'imposent un détour pour éviter le carrefour Drouot ou la patte d'oie de la rue du Havre prendront par le plus court dès qu'ils auront l'espoir de passer. Les voitures, les piétons à Paris sont trop, comme les ^hés à Waterloo. L'agent de police, débordé, lève et abaisse vainement son bâton : l'embarras de voitures s'organise sous ses yeux,devant son geste impuissant. Toutes les mesures qu'on tentera feront si peu d'effet que «et effet ne sera même pas aperçu. En voulez-vous une preuve irréfutable? Le Métropolitain transporte journellement des centaines de mille Parisiens, par des chemins de taupe. En est-il résulté le moindre dégagement pour les voies supraterreslres ? Au contraire : la circulation visible a fortement augmenté depuis. Elle augmente à mesure que le Métropolitain ouvre des lignes nouvelles. Rien à faire, vous dis-je... Ou plutôt, un seul espoir : la circulation aérienne. Le jour où l'on pourra se transporter d'un point à un autre à cinquan te mètres du sol, il semble bien que les voies actuelles commenceront de se dégager. Et encore, n'affirmons rien ! Il pourra fort bien se produire, comme après l'ouverture du Métropolitain, un surcroît d'encombrement dans les rues. Car, par l'air comme sous terre,des théories de voyageurs nouveaux seront àménées aux voies terrestres. Imaginez, de-grâce, la placé" de l'Opéra et la rue de là Paix, le jour - prochain - où l'on y...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

En savoir plus
Données de classification
  • briand
  • lasson
  • g. verga
  • groussau
  • marcel prévost
  • alexandre de gabriac
  • giacometti
  • a. guimera
  • annunzio
  • auteuil
  • paris
  • france
  • bordeaux
  • la seine
  • londres
  • lloyd
  • toulouse
  • cambon
  • stockholm
  • new york
  • drouot
  • association des dames françaises
  • panhard
  • renault
  • cour des comptes
  • etat
  • union postale
  • journal officiel
  • agence havas
  • schlumberger