Extrait du journal

M. Fogazzaro, dont cc journal a déjà annoncé la prochaine conférence à l'Ecole des hautes études sociales, va se trouver pour la seconde fois en contact avec le public parisien. Appelé, il y a quelques années, par la Société des conférences, il parla du « Grand Poète de l'avenir». C'était, je crois, en 1898, au moment où son nom commençait à devenir tout à fait célèbre. Après avoir publié, à de longs intervalles, des poèmes et des romans qui n'étaient guère sortis des cercles lettrés, il venait de remporter soudain, avec son Petit Monde d'autrefois, un succès beaucoup plus étendu, et presque populaire. Il fut accueilli, il fut écouté avec une sympathie qui devint bientôt chaleureuse et fervente. Son extrême simplicité, sa distinction naturelle, l'évidente sincérité de ses opinions, rie sps croyances, de ses propos, et aussi sa linesse et sa bonne grâce vénitiennes, séduisirent tous ceux qui l'approchèrent. En cet homme grave, affable et tranquille, on devinait d'emblée un de ces écrivains pour qui la littérature est la continuation de la vie, dont l'oeuvré et la personne présentent une unité qui s'impose d'autant mieux qu'elle est plus rare. 31 fut, avec une sérénité inaltérable, une complaisance parfaite, une touchante modestie, ;« l'homme du jour ». 11 se laissa fêter et promener, regarda tout .ce qu'on lui montra, répondit aux toasts qui lui furent portés, reçut des reporters, se prêta à toutes les exigences que l'engouement despotique, de la mode impose a ceux dont elle s'empare ; tout cela sans se...