Extrait du journal

la mauvaise saison. Nous accrochons ces belles images aux murs de notre, chambre. Le soir, quand nous jetons, une bûche dans la cheminée, nous re* voyons la forêt tout entière. De même qu'il suffit au savant d'un fragment d'os* sature pour reconstituer un animal,* de même il suffit à l'artiste et au rêveur d'un simple morceau de bois pour re?, trouver la forêt ellermême : une bûche ronde lui rend la vision de l'arbre et un menu fagot, un margotin, celle du taillis. Il retrouve aussi dans le feu, dans les escàrboucles du*brasier ardent, l'or et la pourpre des frondaisons automnales: cette double résurrection remplit sa so litude et amuse sa fantaisie. , ■ Un de mes amis qui aime a rêver , en marchant, son.fusil sous le bras — il n'y a pas de chasse plus agréable et plus in nocente que la poursuite au fond des bois du rythme et du rêve, — a laissé, l'autre semaine, en souvenir.à l'Automne' et en adieu aux bois de son pays,les vers suivants : La bergère pensive aux yeux pâles, l'Automne, Chemine sur la lande en son manteau d'ennui. Elle est triste, elle est seule, et son troupeau la* , [suit,-: L'air fatigué, d'un pas traînant et monotone.. C'est le maigre troupeau de ses Illusions Qu'elle mène brouter, sans joie et sans folie, • A des buissons d'épine et de mélancolie Où le soleil éteint ne met plus de rayons. • Adieu, mélancolique et rêveuse bergère! Fais avec du bois mort et des brins de fougère Ton dernier feu... Réchauffe encor tes pauvres1 [mains A la brève chaleur de.ces dernières flammes,. Puis va te perdre,' au loin, là-bas, sur les'chemins De tristesse, où s'en vont et d'où viennent les {Anjes.-' Henri Chantavoine....