Extrait du journal

15 AOUT A PARIS Tous les accents des provinces françaises chantaient hier dans nos rues ensoleillées Eh bien non : Paris, hier, n'était pas vide, ainsi que l'exigeait la tra dition ! Sans doute, la circulation ra lentie, le silence que traversaient seuls quelques rares appels de trompe et le cri des klaksons dont les automobi listes provinciaux ignoraient l'inter diction, la chaleur traîtreusement re venue et qui faisait les gestes plus nonchalants, tout contribuait à donner à la rue un aspect inaccoutumé. Mais d'importants renforts étaient • arrivés dans la ville et l'heure de l'apéritif rassembla aux terrasses des cafés une figuration fort honorable. Peu d'étrangers, sans doute. Où sont les cars tapageurs qui s'élançaient à l'assaut des boulevards, chargés de touristes à lunettes, à cheveux „ blond filasse, à joues rose candide ? Les agents-interprètes promenaient avec mélancolie leur beau brassard aux armes- de Lutèce, sans que nul Américain vint ébaucher avec eux la moindre tentative de conversation. Eh revanche, l'accent berrichon, l'accent gascon et le normand, et le breton, et tous les accents de France chantaient à chaque, carrefour. C'est que les vacances payées avaient in cité «ceux du Midi» et «ceux du Nord » à la découverte de Paris. On les vit, en épaisses troupes, patienter devant le tombeau de l'Empereur et battre les pieds de la Tour Eiffel. On les entendit déplorer la démolition du Trocadéro, et deux vieux Périgourdins éprouvèrent même une sérieuse déception én ne retrouvant pas la Grande Roue aurdessus de l'océan des toits. ...Et c'est par dizaine de milliers que se compteront les provincieux fiers d'avoir visité ce Paris léthargique de l'Assomption, auxquels il ne faudra plsu venir parler de la fièvre des grandes villes. r...