Extrait du journal

« —t On va, si vous voulez, ma chère,. . Afin d'abriter nos amours, Louer cette porte cochère. Les temps sont durs ; les jours sont courts., Fiancés depuis une année, Nos parents se sont fortement Opposés à notre hyménée, Vu le manque d'appartement. Dans la perverse capitale Comment s'adorer sagement ?" En proie à Ja guigne fatale, Pour dénicher un logement Nous n'avons, d'Auteuil à Vincennes Et de Montrouge à Clignancourt, Trouvé que demeures malsaines, Nombreuses par le temps qui court. Un heureux hasard nous apporte Le remède à nos maux : On peut < Emménager sous une porte ; Suffit de se serrer un peu. , •„., Je bénis le ciel, ma, divine. Que l'espace soit limité; Et déjà mon amour devine La plus touchante intimité. Une douce philosophie iinr''' Convient aux cœurs épris... Je crois Que les. locaux qu'on édifie , Ne sont d'ailleurs pas moins étroits... Vous devrez, puisque l'on se serre, En ce logis de tout repos N'apporter que le nécessaire : Vos vingt robes, vos cent chapeaux,; Vos compotiers en faux vieux Sèvres : Vos deux sloughis, ef cetera, '■ Sans oublier le rouge à lèvres Que mon baiser grignotera... Ça sera cher ? Tant pis, ma chère yr . En vérité, je.vous le dis, ; r< Pour nous cette, porte cochère Est- la porte du Paradis !... » Hugues Delorme....