Extrait du journal
en pointe, les corsages à cœur; ou bien les amples ju pons continueront-ils à dominer ? C'est une grave ques tion pour laquelle on se passionne ; l'avenir seul la déci dera. On s'accorde sur un seul point : dépenser le plus d'argent possible, lutter à coups de diamants, de fleurs, de dentelles, faire sécher ses rivales dejalousie, dévaster ce qu'on appelait autrefois les cœurs et ce qu'on appelle aujourd'hui je ne sais plus comment, ou plutôt je le sais bien, mais je n'ose pas le dire, je ne suis pas chef d'emploi. Quant aux amours, il n'en manque point. Ils s'af franchissent généralement des anciennes routines, ils jettent bien, loin les carquois, les ftèrlies;.les bandeaux, cette défroque du vieux Cupidon, auquel on ne laisse pas même ses ailes ; on le plume à qui mieux mieux ; encore ne lui accorde-t-on pas la permission de crier. On aime singulièrement ; voyez plutôt. Une jeune fille du haut monde s'éprit, à la promenade, d'un élégant jeune homme : elle était avec des étrangers; il la remarqua, la prit pour une étrangère, et répondit aux regards et aux invitations muettes qu'on lui adressait chaque fois qu'une nouvelle rencontre amenait de nou veaux soupirs. Curieux de savoir à qui s'adressait sa té légraphie, il s'informa du nom de la belle enfant ; aussi tôt qu'il le connut, en honnête homme, en homme qui sait vivre, il comprit que cela ne pouvait aller plus loin. La fortune de l'héroïne ne répondait pas à la place qu'elle occupait dans le monde ; il était lui-même trop peu favo risé de cette aveugle folle pour réparer ses torts envers une autre : il se relira sous sa tente. Cette contradiction irrita le caprice de l'amoureuse jusqu'à lui faire oublier la retenue de son âge; un malin elle s'en alla chez son Hippolyte lui offrir son cœur et sa main. Le dilemme était embarrassant pour lui, qui ne voulait accepter ni l'un ni l'autre. Il n'avait qu'un parti à prendre; enfermant la petite, il courut chez sa mère, lui raconta*la visite qu'il avait reçue, lui jura qu'il n'en était pas complice, et lui remet tant la clef, il la pria de délivrer elle-même la prison nière, dont il ne se chargeait pas d'être le geôlier. C'est un beau trait; il n'en est pas moins résulté un duel avec un frère, je crois. Heureusement personne n'en est mort. Le vent est aux procès ; il en est un dont k presse vous a entretenu, qui se continue et qui se complique d'un mémoire distribué à profusion. Le tout a commencé par une mystification adressée à un journal de province, celui-ci l'a répétée de bonne foi, prétend-il ; la famille incriminée prétend à son tour que c'est méchamment et à dessein de nuire; on l'attaque devant qui de droit, pour s'entendre déclarer que ladite famille descend de Noê au moins. Afin que nul n'en ignore, elle a fait distribuer, en manière de prospectus, une généalogie si longue, si lon gue, qu'elle se perd dans les brouillards des marais amé ricains ; ils ne donneront pas de démenti. Une femme d'esprit a répondu : — J'aime mieux croire que d'y aller voir....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
En savoir plus Données de classification - scribe
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