Extrait du journal

" L'ACTION DIRECTE Nous la voyons opérer en ce moment, à Paris et en province, sous des formes diverses, pillages, incendies, violences et sévices de toute nature, dont le débauchage est en apparence la plus inoffensive, en réalité la plus efficace et ■ la plus dangereuse. il y a le débauchage simple qui pro cède par la. persuasion. Celui-là n'est pas à craindre, aussi est-il le moins em ployé. Il a vite abouti, dans la plupart des corporations, au débauchage avec injures, mauvais traitements et voies de fait. Un ouvrier qui veut travailler lors que lés autres sont en grève, et même mille ouvriers qui se refusent à devenir grévistes lorsque cent de leurs camara des leur ordonnent de l'être, sont sûrs d'être molestés et persécutés. C'est donc à ce genre d'action directe qu'il faut résolument s'attaquer si l'on tient à rétablir la liberté du travail. Elle -a subi, dans ces derniers temps, de cruelles atteintes, mais, pourvu-qu'on y mette un peu de décision, elle peut encore être sauvée. Il suffit pour cela" 'd'en finir une bonne fois avec ceux qui ont juré de la détruire. Le gouvernement en a les moyens et ce qui se passe à Pans, depuis quelques jours en est une preuve. Des qu'il s est montré .résolu - contre la brutalité et la rage de ces débaucheurs convulsionnés qui prétendent imposer a tout prix leur .chômage volontaire, les bagarres sont devenues moins fréquentes et les exci tations: les plus criminelles se sont fon dues peu à peu en discours dans la chaude atmosphère de la Bourse du tra vail. Les ouvriers opprimés ont repris cœur, et beaucoup se sont trouvés trop heureux de réintégrer les "ateliers, les chantiers et les usines. Rien n'est tel que quelques exemples typiques pour modérer l'action directe, et visiblement elle commence à se décou rager, à douter d'elle-même, surtout à Paris. La fureur la plus exaspérée s'inti mide et cède vite quand elle s'est con vaincue qu'à chaque nouvelle tentative elle rencontrera devant elle toute la ré sistance nécessaire. Si, en province, les choses vont un peu moins vite, c'est que l'action directe, c'est-à-dire le débauchage frénétique et tyrannique n'a parfois affaire qu'à des municipalités complices ou à des préfets hésitants qui n'ont pas reçu d'instruc tions assez péremptoires. Il en résulte que, dans certaines villes plus ou moins révolutionnaires, la liberté du travail n'a pas encore reconquis son plein exercice. Qu'on y agisse avec promptitude, avec énergie, surtout avec suite et force res tera bientôt à la loi — car c'est la loi !...