Extrait du journal

Le Muséum d'histoire naturelle n'est pas un lieu de plaisir où affluent d'ordinaire les Pari siens. Et cependant ils y courront tout à l'heure. Un jeune explorateur de beaucoup de talent et d'esprit M. Jean Dybowski, les convie cet après-midi à l'inauguration de collections très curieuses rapportées, après dix-huit mois de campagne, des profondeurs inexplorées du continent noir. On se rappelle dans quelles conditions diffi ciles Dybowski s'était mis en route, il y a plus de deux ans : le Comité de l'Afrique française le chargeait d'aller venger la mort de Crampel et de continuer, après avoir recueilli les épaves de la mission dispersée, l'œuvre si tragique ment interrompue de l'infortuné voyageur. La maladie obligea Dybowski à rentrer en France un peu plus tôt qu'il ne le souhaitait ; mais pas si tôt qu'il n'eût le temps de remplir avec autant de courage que de succès la rude mission qui lui était confiée. Crampel a été vengé. Ses assassins, traqués sans merci pendant plusieurs mois, ont été passés par les armes : vous trouverez, dans l'une des vitrines du Muséum, les crânes de trois d'entre eux... Dybowski ne s'en est pa* tenu là, et il a voulu ajouter une œuvre utile à cette œuvre de justice. Il a conclu des traités, fixé la topographie de régions inexplorées, laissé derrière lui, dans les steppes fertiles de la Haute Kémo, plu...