Extrait du journal

Dans la Nigeria, on engraisse les jeunes filles avant leur ma riage. (Figaro.) La Parisienne se flatte, Par la suppression des seins, D'être plus qu'une latte, plate ; Et, suivant de fâcheux desseins, Pour devenir exsangue et maigre, Boit à longs traits iode ou vinaigre... Pendant ce temps au pays nègre, Sur les bords fleuris du Niger, On ignore cette lubie : Et le Soudan et la Nubie Aiment la femme bien en chair. C'est au point qu'avant l'hyménée (Sans quoi le futur n'en veut point) La jeune fille est condamnée A gagner certain embonpoint. Depuis l'heure des fiançailles On la gave de victuailles Comme on fait chez nous des volailles... Ce que nous savons du Congo Apprend qu'en cette forte race Il fa,ut être en état de grasse Pour avoir droit au conjungo... D'autre part nos blondes, nos brunes Offrent un coloris pareil Car elles n'ont pas pour des prunes Abusé des bains de soleil. C'est, grâce à leur chaleur propice, Partout la Foire au Pain d'Epice !... De faux bistre, d'ocre factice Les torses nous reviennent peints De la nuque jusqu'à la taille ; Peaux-Rouges de Biarritz, d'Hendaye, Ou créoles de Juan-les-Pins... ' De chairs aux blancheurs idéales En France en fut longtemps épris. Celles qu'assombrissent des hâles — Madame — vous semblent sans prix. Mais puisqu'imiter la négresse Remplit votre cœur d'allégresse, 'Comme elle souffrez que la graisse Orne (ça ne ferait pas mal) Un peu votre gorge et vos hanches... -— Qu'une noire vaille deux blanches, C'est vexant autant qu'anormal !... Hugues Dilorme....