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Le Figaro, 17 avril 1864

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Le Figaro
17 avril 1864


Extrait du journal

vocat général ne veut pas accepter dans ce sens le fait de la remisé de la boîte. Il y voit, lui, de la part de Mlle Poultier, la volonté de sauver Marie Cappelle et de soustraire à la justice une pièce terrible contre l'accusée. Il enlace la pauvre enfant dans un réseau de ques tions captieuses afin de lui faire avouer qu'en demandant à la femme de chambre d'abord, à la maîtresse ensuite, la boîte dans laquelle les experts devaient trouver du poison, elle a agi avec la certitude que Mme Lafarge était coupable. Jusqu'ici la jeune Emma a supporté ce long interrogatoire avec beaucoup de présence d'esprit et répondu à toutes les questions avec une candeur et un accent plein de sincé rité ; mais, succombant à la fin à la fatigue d'une épreuve qui n'a pas duré moins d'une heure, on la voit pâlir, se troubler, fondre en larmes. « Monsieur, s'écrie-t-elle, je ne puis plus répondre... Par» donnez-moi ! mes idées se brouillent, je ne vois plus rien, je ne « comprends plus rien... » De sourdes rumeurs s'élèvent du fond de l'auditoire ; l'honorable magistrat, comprenant que son zèle pour la découverte de la vérité a été cruel, adresse au témoin, au milieu du bruit, quelques paroles pleines d'affectueux égards. . Me Paillet, avec une véhémence voisine de l'indignation. — « En vérité, c'est avec un profond sentiment de douleur que j'assiste à ce duel inégal d'un homme plein de sang-froid contre une enfant inti midée et lassée, que je suis témoin de l'inconcevable insistance de M. l'avocat général I Je m'étonne à bon droit qu'après avoir vu les faits établis dans un sens absolument contraire à celui qu'il avait prévu,— et qu'évidemment il avait voulu préparer par ses ques tions, — il s'efforce, en faisant violence à une déposition acquise et sincère, de vouloir retourner ces faits si importants contre Mme Lafarge. Il veut détruire de ses propres mains un témoignage qu'il a appelé, des faits qu'il a échafaudés lui-même, et pour cela il enlace une jeune fille dans une série de questions insidieusement posées, dont personne ne saurait se tirer. M. l'avocat général aura...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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