Extrait du journal

Rien n'égale en France la facilité d'un premier succès, si ce n'est la difficulté du second. — M. Edmond About l'a éprouvé à ses dépens; tout le monde avait rendu jus tice k la Grèce contemporaine; mais il s'est avisé de faire Tolla, et, comme il était impossible de nier le mérite de cette œuvre charmante, les curieux eurent l'idée de crier au plagiat. C'était adroit. Criez au feu dans une salle, et dans l'es pace de cinq minutes, il y aura dix personnes écrasées dans les couloirs; criez au plagiat contre:un auteur, et l'écho, — infidèle comme celui dont parle. Janot, — ré pétera : Au voleur! — La vérité est que", dans Tolla, Edmond About a été un peu moins plagiaire que bien des maitres qui s'appellent Molière, Lafontaine et Lesage.— Mais la manœuvre, après un premier succès de surprise, n'a servi à rien,—je me trompe, elle a donné l'idée au pu blic, non-seulement de lire Tolla, mais de relire la Grèce contemporaine; puis il a lu, relu et dévoré le Voyage à travers l'Exposition, un livre aussi réussi et plus spiri tuel, si c'est possible, qu'un feuilleton de madame de Girardin. Je viens de terminer la lecture des Mariages de Paris, recueil de nouvelles publiées d'abord dans le Moniteur; il en est une surtout, l'Oncle et le Neveu, qui est un chefd'œuvre. C'est l'avis d'une femme de beaucoup de goût, qui me disait hier au soir : « Vous savez le vers de Casimir Delavigne : » Quand ils ont tant d'esprit, les enfants vivent peu. • Il peut être vrai pour les enfants; mais quand je lis M. Ed: About, je me dis : « Quand les auteurs ont tant d'esprit, ils sont destinés à vivre toujours. »...