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Le Figaro, 17 août 1932

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Le Figaro
17 août 1932


Extrait du journal

La conférence d'Ottawa est à la veille de sa clô ture et l'on ignore encore l'importance et l'étendue des accords intervenus ou à intervenir entre .l'An gleterre et ses Dominions. La seule chose certaine — et on en doit l'aveu, d'une courageuse sincérité, à M. Baldwin — c'est que, bien qu'elle ait réussi à resserrer les liens de sentiment et de solidarité entre les éléments de l'empire britannique, la conférence d'Ottawa n'a réalisé aucune des grandes espérances économiques qu'on avait fondées sur elle. Des ambitieux projets de préférence impériale. qui devaient permettre à la Grande-Bretagne de se soustraite à la crise universelle en fermant le cer cle de ses échanges commerciaux avec ses posses sions d'outre-mer, il ne reste qu'une poussière de petites transactions particulières entre délégations anglaise, canadienne, indienne, sud-africaine, aus tralienne et néo-zélandaise. On a posé quelques principes généraux qui n'en gagent à rien, comme la nécessité d'une réduction progressive des tarifs douaniers. On a rédigé des rapports. On a formulé des vœux. On a constitué des comités et sous-comités d'études qui, après la conférence, poursuivront leurs travaux. Mais on est resté d'une prudence extrême en matière de régi mes préférentiels. A vrai dire, il ne pouvait guère, en être autre ment, et la déception était facile à prévoir. L'An gleterre, bien obligée de compter avec les marchés européens, qui se fussent fermés à ses produits, si elle avait par trop exclusivement favorisé ses Dominions, a défendu énergiquement les intérêts de ses industries nationales. Les Dominions — dont certains sont déjà largement industrialisés — ont suivi cet exemple, parce qu'ils devaient, eux aussi, tenir compte de leur marché intérieur et des marchés voisins, leurs clients ordinaires. Peut-être vaut-il mieux qu'il en soit ainsi... L'échec mal déguisé de la conférence d'Ottawa aura, du moins, l'avantage de rappeler à l'Angle terre qu'elle est avant tout une grande puissance européenne et de la convaincre que le meilleur moyen de conserver son autorité et son prestige sur ses Dominions est de rester en Europe le principal facteur d'ordre et de sécurité sur le plan politique, aussi bien que sur le plan économique et financier. C'est sur les problèmes monétaires que l'on sem ble s'être le mieux entendu à la conférence impé riale. té rapport de là commission monétaire et-fi» naiicière, en effet, a été approuvé par tous les chefs dé délégations. Il faut donc s'attendre à trouver un bloc britannique ressoudé sur la question déli cate de l'or à la future conférence économique in ternationale. Il est assez inquiétant de constater que la confé rence d'Ottawa s'est prononcée en faveur d'une éco nomie internationale dirigée, bien qu'on ne sache pas au juste par qui, pour qui et contre qui cette économie sera dirigée. On préconise une hausse générale des prix de gros et des matières premières par une action con certée des gouvernements qui n'ont pas tous un intérêt égal à cette hausse. On recommande une plus grande abondance de crédits à court terme, à bas taux d'intérêt, alors que l'abus des crédits, stimulant la surproduction et la spéculation, fut à l'origine de la crise actuelle. En revanche, la conférence d'Ottawa reconnaît l'importance d'une plus grande stabilité des chan ges et la nécessité d'un standard monétaire inter national pour la régularisation des transactions commerciales et financières. En bonne logique, ce standard monétaire idéal 11e peut être que l'étalon or. Mais ce n'est point par l'intimidation et la menace que l'or se remettra à circuler dans le monde. Il suit et suivra toujours la confiance et n'ira jamais que vers les pays où il se sent en sécurité. Sécurité et confiance, sont des problèmes qui dépasseront les conférences im périales ou internationales tant que les gouverne ments ne se seront pas résolus à organiser solide ment la paix. ' LES DERNIERES DIFFICULTES Ottawa, 16 août. — Les délégations anglaise et australienne se sont réunies toute la nuit afin d'es sayer de préparer un accord. L'imposition de la viande de bœuf a été récla mée par l'Australie mais a été refusée par l'Angle terre. Cette question est le point de friction. Les milieux officiels anglais ne conservent que peu d'espoir pour mener à bien ces négociations. Le comité d'administration et des douanes a exa miné le rapport de la commission et a préparé la rédaction définitive de la résolution qui sera sou mise à la réunion de clôture. En dépit des nouvelles réunions entre délégués anglais et canadiens, il n'a pas été possible d'arri ver à un accord, les Anglais se refusant toujours à donner satisfaction aux Canadiens, qui demandent que le Royaume-Uni apporte d'importantes restric tions aux importations russes en Grande-Bretagne....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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