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Le Figaro, 17 décembre 1912

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Le Figaro
17 décembre 1912


Extrait du journal

-Qu'on lise des vers en été, sous les feuillages légers. Mais l'hiver convient aux contes. Quand les jours étroits de décembre éloignent à peine l'ombre pour quelques heures, et nous renferment dans notre maison, il n'est pas de livres que nous ouvrions plus volontiers que ,ceux qui relatent des aventures merveilleuses. L'hiver, qui rend la vie plus tranquille et plus -casanière, excite d'autant notre imagination, qui veut se payer par des fictions de toute cette paix et de tout cet ordre. Ce ne sont pas ceux qui s'agitent beaucoup qui ont besoin d'histoires extraordinaires les accidents de leur destinée leur suffisent. Mais la vie la plus réglée appelle les plus grands ,rêves et les féeries tournent autour de sa lampe et s'assoient devant le foyer. 'Il faut des contes aux enfants, il en faut aux vieilles gens les uns les écoutent, les autres les disent. Il n'y a que lès adultes qui les dédaignent. C'est décidément se fermer à bien des choses que de, devenir une grande personne. L'âme perd ces antennes par lesquelles elle entretenait des rapports si subtils avec l'univers. On s'embourbe dans une rçalité sans finesse. On n'a plus que des intérêts, si ce n'est même des appétits. On se bat pour une place ou pour un rang, on devient médiocre. Il n'y a que ceux 'qui' ne sont pas encore engagés d'ans l'existence ou ceux qui en sont .déjà presque détachés, pour prendre des choses une vue plus libre. Pourtant lequel de nous n'est point las, par moments, des 'mornes grimaces.du réel? Qui n'est :pas fatigué de cette comédie sans nouveauté de la misère et de la vanité des hpmmes? Qui n'aspire à s'en échapper? Presque tout l'art contemporain, du moins l'art naturaliste ou celui qui en procède, 'manque à une de ses fonctions principales, qui est de nous délivrer. Il réfléchit et redouble dans son miroir le même spectacle dont nous étions déjà las. Il,nous bouche l'issue par laquelle nous espérions nous enfuir....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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