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Le Figaro, 17 décembre 1936

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Le Figaro
17 décembre 1936


Extrait du journal

M. Vincent Auriol a joint à l'énoncé des con ditions de l'emprunt une proclamation explicite de libéralisme monétaire. Liberté du commerce des devises. Liberté de circulation et de place' ment des capitaux. Qui paye régu lièrement ses impôts et fait les décla rations prescrites par la loi n'a rien à craindre, que ses capitaux soient en France ou au dehors. La France n'est pas et ne sera pas une « souricière à capitaux »... Voilà ce qu'affirme le ministre des Finances. Il insiste sur la « portée des engagements » qu'il prend ainsi Cette proclamation facilitera les mouvements de capitaux d'une place à l'autre. Suffira-t-elle, comme le voudrait le ministre, à « recréer la religion du crédit public » ? En matière de crédit la liberté est nécessaire, mais non suffisante. Né cessaire parce que sans liberté, l'épar gne et les capitaux ne se croient pas en sécurité. Non suffisante parce que le crédit, comme le mot l'indique, re pose sur l'idée de foi ou confiance dans une sécurité. L'absence de liberté fait que les Etats « totalitaires » n'ont pas ou ont peu de crédit Mais c'est que l'absence de liberté rend inévitables les risques d'insécurité. M. Auriol demande aux bons ci toyens de « se défier des rumeurs et des informations qui tendent à affaiblir le crédit de la France ». Nous ne croyons pas beaucoup à l'influence des rumeurs sur l'attitude générale du crédit. Et même l'in fluence des passions, politiques ou autres, ne joue guère en ce domaine. Ce sont les calculs qui règlent la posi tion que choisit le petit épargnant comme le grand capitaliste pour son intérêt. Aujourd'hui, le crédit est affaibli parce que les calculs manquent de base pour une prévision sûre. Le crédit privé ne sait quel résultat attendre, pour le sort des affaires et le rendement des entreprises, d'une métamorphosé sociale qui semble obéir au hasard de poussées indé finies. Le crédit public souffre de la posi tion de « devenir » où s'est placé l'Etat du point de vue économique et financier. Les plus indifférents aux disputes de parti pris se demandent comment le déficit de la balance des comptes de la France pourra ne pas être ag gravé si l'exportation diminue à cause de la cherté de nos marchandises tandis que l'importation augmentera pour compenser le fléchissement de la production... Ces incertitudes ou déséquilibres, qui apparaissent au premier essai dp l'homme d'affaires pour établir ses prévisions, sapent inexorablement le crédit, hors de tout préjugé politique. Il faut y remédier d'urgence, non seulement pour que le crédit public puisse bénéficier des « engagements » de libéralisme que prend M. Auriol, mais pour que nous ne soyons pas surpris en état de moindre résistance par les événements extérieurs. Lucien Romier. TCHANG KAI CHEK EST TOUJOURS VIVANT...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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