Extrait du journal

écrivait des vers. Voilà. Il no-us raconte tout cela dans le nouveau livre" qu'il publie. Ilfonda une revue qui s'appelait la Mandoline. Et il lui arriva une aventure < singulière -et pénible >. François Coppée lui avait promis une préface pour les Fleurs de l'âme. Mais le bon poète était souffrant. La préface tardait beaucoup. M. Michel Pons étant entré "dans un café, y rencontra: un homme bien distin gué, qui lui dit : < N'est-ce que cela ? -Mon vieil ami Coppée va mieux." Je vais liiî de mander la préface. Trouvez-vous ici aprèsdemain,, àcipq heures.» : On pense que M. Michel Pons fut fidèle au rendez-vous. L'homme distingué ne manqua pas non plus d'exactitude» Il remit la préface dont M. Michel Pons, fut bien satisfait. Et puis il demanda cent francs, ayant oublié son portefeuille. M.>Michel Pons les lui remit très volontiers. Et huit jours après il lut dans les journaux une lettre où François Coppée l'appe lait «un certain M. Michel Pons » et l'accusait de supercherie. Ainsi M. Michel Pons dut s'avouer qu'il avait été « mystifié et volé par un misérable coquin ». « Pendant longtemps, écrit-il, cette triste affaire me chagrina beaucoup ;• cependant, par la suite, relevant la tête et puisant la force dans ma conscience indemne d'aucun reproche; je suivais ma route de travail et d'honneur, avec l'espoir et le courage- qui animent un homme n'ayant rien à craindre >, Il devint donc marchandée vins, et puis se présenta à l'Académie française. En dix-sept chapitres il nous raconte les dix-sept visites qu'il fit. Car il n'eut le temps que d'en faire dix-sept. Tous ces messieurs âe l'Académie furent fort polis et aimables. Aussi M. Mi chel Pons ne leur garde point rancune de ne l'avoir., pas élu. M. de Freycinet_ ne l'a pas reçu, piarce qu'il avait la grippe. M. Michel Pons ne semble pas croire beaucoup à cette grippe. Néanmoins il regrette d'avoir été privé ■« du plaisir de causer avec l'un des hommes les plus éminents de notre époque ». , L'élection vint. Et l'on s'ait que M. Michel Pons obtint une voix. Qui en fut le plus sur pris ? C'est lui-même. Et, eh outre, il fut « profondément ému de cet hommage discret » à sa personne- et à son œuvre. Discret; eh effet, si discret que peu de candidats s'en contenteraient. M. Michel Pons, sait quel est l'académicien qui a voté pour lui. C'est, il en est certain, M. Maurice Barrés. Aussi lui dédie-t-il son livre,, et il l'appelle « l'un des plus grands cerveaux contemporains, qui, par un geste noble, a su jeter un rayon de sa gloire sur un infiniment petit », '***. — Mon ouvrage vous intéressera, m'a dit 'M. Michel Pons, parce qu'il est très ôrîgin'aîr J'y ai beaucoup travaillé.. Tous les jours, à deux heures, je me mets au travail. A cette heure-là, les midinettes sont parties. J'ai une grande clientèle , de midinettes. Elles sont charmantes et d'une vive gaieté, i • Alors, j'ai félicité M. Michel Pons de ne pas oublier, pour les songes de la littérature, les, soins précis de son négoce. — Monsieur, m'â-t-il'dit, j'ai toujours pensé qu'il faut, pour qu'une machine fonctionne bien, qu'il y ait du - charbon dans la chau dière; Il faut, pour travailler, être- exempt des soucis matériels. Il m'a dit encore : — Ne soyez pas trop méchant. J'aurais mauvaise grâce à être mécha.nt contre un pareil homme qui, à chaque page de son livre, parle des journalistes avec- un respect dont le secret semblait perdu. _ Eh outre, il est juste d'aimer ceux qui tra vaillent. Et M. Michel Pons nous prépare, m'a-t-il annoncé : Rimes d'âge mûr (poèmes et satires). Science et intelligence'(htuàt). Contes languedociens (mœurs méridionales). Louis Latzarus....