Extrait du journal
diocrité intellectuelle de son fils, trop souvent constatée, avaient assombri sa vie. C'en était fait des jours heureux de Mlle de La Vallière et de la "Montespan. Les intrigues dés bâtards,une fin de règne où rien, si ce n'est l'indomptable attache ment du Roi à ses droits et à ses préro gatives, ne rappelait l'éclat des débuts ; la servilité de la noblesse, les défaites successives et les malheurs qui suivirent l'élévation du duc d'Anjou au trône de Charles-Quint, tout portait à la tristesse cette Cour jadis si joyeuse. Sur cette tristesse la duchesse d~e Bourgogne ne cessa de répandre la grâce de sa jeu nesse, la douceur de son sourire et le réconfort de sa bonne humeur. *** Elle achevait sa quatorzième année quand son mariage, célébré en décem bre 1697, put être consommé. Elle fut plus aimée de son mari qu'elle ne l'aima, et durant sa première absence,, alors qu'il était aux armées, son imagina tion parut la rendre sensible aux atten tions de quelques jeunes gentilshommes empressés autour d'elle.- C'est la seule ombre qui fasse tache sur son existence On doit constater du moins que cette ombre fut brève et bientôt se di s pa Le retour,de l'époux, les grossesses des morts d'enfants, les infortunes nationa les eurent bientôt ramené la princesse au devoir que tant de mauvais exemples l'incitaient à oublier,et quand vinrent les grandes épreuves, les catastrophes de la guerre dite de la Succession d'Espagne, épreuves où la responsabilité de son mari était gravement engagée, elle trouva pour le défendre un ressort et une acti vité admirables qui cimentèrent à chaux et à sable l'affection réciproque des époux. A première vue, l.e duc de Bourgogne ne valait pas sa femme. Possédant au plus haut degré le courage inhérent à sa race, il manquait de talents militaires et son passage aux armées n'ajouta rien à la gloire des Bourbons. Dans la vie ordi naire, il sembla longtemps sans initia tive, comme si le respect que lui inspi rait le Roi eût paralysé sa volonté et glacé ses ardeurs. Mais il avait eu un maître incomparable, Fénelon, que la disgrâce royale éloigna trop tôt de lui, et un conseiller passionpément dévoué, qui ne le quitta jamais, lé duc de Beau villiers. Ils furent les véritables auteurs de la perfection morale qu'il sut attein dre et qui'le distingue parmi ses contem porains. . . -, . Malheureusement, de leurs conseils et de leurs exemples il avait surtout gardé un penchant à la dévotion, qui, allant jusqu'à l'excès, fit de lui quelque chose comme un religieux dans le monde, un modèle de vertus chrétiennes auxquelles on préférerait un plus grand déploie ment de cesqùalités nécessaires aux rois et qui étaient apparues si brillantes dans Louis XIV. Ce fut poussé si loin qu'au fond de son archevêché de Cambrai, où les ordres du Roi le tenaient relégué, Fénelon s'en alarmait. Les lettres qu'il écrivait à son ancien élève révèlënt ses craintes, mais aussi le ferme espoir de le ramener à un sens plus vif des réalités. Il devint bientôt visible que cet espoir ne serait pas trompé. Après la mort du Dauphin son père, le duc de Bourgogne, sous l'influence de sa jeune femme, se montre comme un homme nouveau. Dans ses discours, ses écrits, ses actes on le voit surtout préoccupé des besoins du peuple sur lequel il est appelé à régner, des moyens d'améliorer son sort. Ses longs entretiens avec Saint-Simon ne laissent aucun doute sur sa volonté, en ceignant la couronne, de se souvenir quelle Roi est le serviteur de ses sujets et nonles sujets serviteurs du Roi. Eclairé par l'étude, par l'expérience, guidé par l'ar dent désir du bien, conseillé par sa femme dont il avait gagné la confiance en "lui prodiguant la sienne, il eût été sans doute un grand monarque dont le règne eût conjuré les malheurs de la Révolution en réparant les fautes de Louis XIV et en épargnant à la France les scandales du règne de Louis XV. Par malheur, la mort le guettait et ne voulait pas qu'il occupât le trône. Elle le prit brutalement le 17 février 1712. Sa fin fut celle d'un' saint. « Il était déjà mûr pour la bienheureuse éternité », a écrit SaintSimon. Il avait trente ans. Non moins brutalement frappée, sa femme était morte cinq jours auparavant, à l'aube'de sa vingt-septième année. Le caractère foudroyant de ce double trépas qui, Louis XIV mort, ferait passer la couronne sur la tête d'un enfant en core au berceau, l'heure si terrible pour la France et pour la monarchie à la quelle il se produisait, le bon renom de ce prince et de cette princesse fauchés dans leur fleur, l'anéantissement des espérances que la France fondait sur eux expliquent, sans qu'il soit nécessaire d'y rien ajouter, la douleur, de , leurs contemporains, les regrets de la postérité, et aussi pourquoi l'histoire a gardé d'eux un souvenir touchant et attendri. *** A ce souvenir il ne manquait qu'une consécration définitive, celle d'un récit de ces deux existences qui n'en font qu'une, où serait rassemblé tout ce qui a été écrit sur elles par les mémorialistes et où seraient utilisés les documents igno rés jusqu'à ce jour qui en -rappellent les circonstances et les principaux traits. Ce récit, le'comte d'Haussonville l'a en trepris il y a six ans. Dans un ouvrage dont Je quatrième et dernier volume vient de paraître et à travers lequel une table analytique merveilleuse de. mé thode et de précision, permet de se, gui der, il a tiré de l'oubli ces deux nobles et séduisantes figures, en groupant tout autour les événements tumultueux du temps durant lequel elles ont charmé la France et les .personnages qui furent les témoins de leurs mérites et de leurs vertus. Ce n'est pas seulement en effet l'his...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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